Chine : nouvelles violences meurtrières au Xinjiang
Sept personnes ont été tuées et 28 blessées à l’arme blanche par deux hommes, des Ouïghours, au Xinjiang, ont annoncé dimanche les autorités de cette région du nord-ouest de la Chine à population musulmane déjà secouée par des heurts meurtriers à la mi-juillet.
L’un des deux assaillants a également trouvé la mort dans ces violences qui ont éclaté samedi soir dans la ville de Kashgar, à l’extrême ouest du Xinjiang, près de la frontière du Kirghizstan, a annoncé à l’AFP un porte-parole de la Région autonome.
Hou Hanmin a ajouté que les deux assaillants étaient Ouïghours et que le survivant avait été arrêté. « Une enquête a été ouverte et je n’ai pas davantage d’informations », a déclaré ce porte-parole.
Selon le site gouvernemental tianshannet.com, deux inconnus se sont emparés d’une camionnette arrêtée à un feu rouge dans une rue animée d’un marché de nuit. Ils ont tué le conducteur puis dirigé le véhicule sur la foule qui se trouvait sur le trottoir.
Les deux hommes sont ensuite descendus de la camionnette et ont commencé à poignarder des passants, faisant six morts et 28 blessés, avant que la foule se défende et tue l’un des assaillants et que le second soit arrêté.
La police de Kashgar n’a pas souhaité répondre aux questions de l’AFP.
Selon une dépêche en anglais de l’agence officielle Chine Nouvelle, deux explosions ont été entendues avant les violences, l’une en provenance d’une camionnette et l’autre du marché. Mais le service en chinois de Chine Nouvelle n’évoquait pas d’explosion et Hou Hanmin a indiqué ne pas en avoir eu connaissance.
Dilxat Raxit, porte-parole d’une organisation de la dissidence en exil, le Congrès ouïghour mondial, dont le siège est en Allemagne, a indiqué, citant des sources sur place, qu’un grand nombre de victimes étaient des membres des forces civiles — composées de Hans et de Ouïghours — chargées d’assurer la sécurité.
Une vingtaine de personnes sont mortes dans cette oasis sur l’ancienne Route de la Soie. Les médias officiels avaient expliqué que lors d’une attaque « terroriste » une foule avait encerclé un poste de police, tuant quatre personnes, et que les policiers avaient répliqué en « abattant » les assaillants.
La dissidence ouïghoure avait vivement mis en doute la version officielle, affirmant que la police avait battu à mort 14 Ouïghours et abattu six autres lors de ce mouvement de protestation.
Plus de huit millions de Ouïghours vivent au Xinjiang, et nombre d’entre eux dénoncent depuis des décennies la répression culturelle et religieuse dont ils font l’objet, ainsi que l’immigration massive de Hans, l’ethnie majoritaire en Chine.
Les efforts importants consentis ces dernières années par Pékin pour développer économiquement cette région riche en ressources naturelles mais reculée et encore largement sous-développée ont essentiellement profité aux Hans, estiment de nombreux Ouïghours.
La capitale du Xinjiang, Urumqi, avait été secouée en juillet 2009 par des émeutes entre Ouïghours et Hans qui avaient fait au moins 200 morts et quelque 1.700 blessés, selon des sources officielles, mais bien plus encore selon les exilés.
Après ces émeutes interethniques, les plus meurtrières en Chine en des décennies, une implacable répression s’était abattue sur les Ouïghours avec des dizaines d’exécutions, de nombreuses disparitions et arrestations, aggravant encore le fort ressentiment de cette minorité contre le pouvoir communiste chinois.
Ces violences avaient sérieusement ébranlé la théorie officielle du Parti communiste selon lequel l’harmonie règne entre les différents groupes ethniques de ce vaste pays.
Leur presse (Agence Faut Payer), 31 juillet 2011.