La marche du collectif « Vies volées par la police »

C’était le 19 mars [2011] à Paris. Des centaines de personnes ont manifesté entre Opéra et Châtelet. Des centaines de policiers, déguisés en robocops, les « encadraient ».

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C’était la marche en solidarité aux familles dont la vie d’un enfant, d’un frère, d’un grand père… s’est éteinte sous les bottes de la police, une marche pour arracher la vérité, la dignité au silence assassin qui voudrait faire oublier le sens d’une liste de morts qui s’allonge sans fin.

Car c’est ainsi que va la règle dans cette société : tout est fait pour que ces familles soient totalement démoralisées. Elles subissent l’isolement, les tracasseries administratives, les calomnies, les inerties et falsifications judiciaires. Elles subissent la double, la triple peine… encore au-delà du travail de deuil. Quant aux policiers responsables, ils continuent à parader en uniforme sous les yeux de leurs victimes. Leurs procès sont repoussés à l’infini, et les rares fois où ils ont lieu, les jugements leur sont toujours favorables. C’est tout l’appareil étatique qui enserre ses victimes en vue de « justifier » ses violences mortelles. Et la succession au pouvoir des partis de droite comme de gauche n’a rien changé au nombre de morts ni aux acquittements des policiers tueurs.

Certes le 19 mars les manifestants n’étaient pas des milliers. Mais un événement a néanmoins eu lieu. C’est la première fois, depuis des années, que plusieurs familles et leurs comités de soutien ont pu se réunir pour réagir ensemble. Confronter les expériences, constater le mépris récurrent des autorités, le silence complice de la justice… Les faits parlent d’eux-mêmes, les affaires sont liées, il ne s’agit pas de cas isolés, il ne s’agit pas de « bavures », la seule « faute » commise par ces hommes a été celle de croiser le chemin de la police, de se trouver au mauvais moment au mauvais endroit et dans la grande majorité des cas d’être pauvre et ne pas avoir la peau blanche.

Réunies et soutenues, les familles peuvent imposer à la société avec davantage de force la mise à nu de la violence de l’État par l’intermédiaire de sa police et de sa justice. Malheureusement aucune marche ne fera revivre les morts. En revanche en continuant la mobilisation avec le collectif des familles de ceux dont la vie a été volée par la police, on peut aider à rétablir la vérité et l’honneur.

Contact

 

Mémoire

Leurs familles et leurs comités de soutien étaient à l’initiative de la marche du 19 mars 2011.

Mickaël Cohen, graffeur de 19 ans, poursuivi par la police, s’est noyé dans la Marne (94) dans la nuit du 9 au 10 avril 2004.

Abou Bakari Tandia meurt des suites de sa garde à vue au commissariat de Courbevoie (92) le 5 décembre 2004. Après six années d’instruction, ni les conclusions des médecins légistes contredisant complètement la version policière, ni la reconstitution organisée le 4 avril dernier, n’ont permis à la juge de décider entre le non-lieu ou la mise en examen des policiers.

Bouna Traoré et Zyed Benna, fuyant la BAC, ont perdu la vie électrocutés dans un transformateur à Clichy-sous-Bois (93) le 27 octobre 2005.

Fethi Traoré, 31 ans, est mort noyé dans la Marne (94) le 8 mai 2006, il était poursuivi par la police.

Lamine Dieng, 25 ans, est mort dans un fourgon de police, à Paris (75) le 17 juin 2007.

Larami Soumaré et Mushin meurent à Villiers-le-Bel (95) percutés par une voiture de police le 24 novembre 2007.

Reda Semmoudi, sans-papier et futur père, est mort le 8 janvier 2008, défenestré du 9e étage de son appartement à Noisy-Le-Sec (93) lors d’une perquisition.

Le 4 avril 2008, Baba Traoré, un jeune Malien de 29 ans est mort d’un arrêt cardiaque après s’être jeté dans la Marne en tentant de fuir un contrôle de police à Joinville-le-Pont (94).

Abdelakim Ajimi est mort à Grasse (06), étranglé par des policiers, le 9 mai 2008.

Ali Ziri 69 ans, est décédé à la suite d’un contrôle policier à Argenteuil (92) le 11 juin 2009. Son ami Arezki Kerfali, 61 ans, également brutalisé ce jour là est poursuivi pour « outrage », après plusieurs reports son procès devrait avoir lieu en mars 2012.

Le soir du 9 août 2009 à Bagnolet (93), Yakou Sanogo, 18 ans, poursuivi et pressé par la voiture sérigraphiée de la police, a chuté avec sa moto. Il n’a pu être ranimé.

Mahamadou Maréga a perdu la vie entre les mains de la police qui l’avait brutalisé, taserisé et/ou asphyxié à Colombes (92) le 30 novembre 2010.

Non lieu, instructions sans fin… dans aucun de ces cas la justice n’a admis la responsabilité directe ou indirecte des policiers.

Résistons ensemble n° 96, avril 2011
Contre les violences policières et sécuritaires.

 

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Ils veulent la vérité sur la mort de Lamine Dieng

Les proches de Lamine Dieng, décédé le 17 juin 2007 dans le XXe arrondissement à la suite d’un contrôle de police veulent connaître la vérité. Pour eux, les conditions de son décès n’ont jamais été clairement établies. Hier en scandant « vérité et justice », ils ont défilé au milieu d’une centaine de manifestants, avenue de l’Opéra (Ier).

Le rassemblement était soutenu par plusieurs collectifs venus réclamer justice pour les victimes de « violences policières ».

Leur presse (Le Parisien), 20 mars 2011.

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