Plusieurs blessés dont un entre la vie et la mort
Val-d’Oise et Essonne : deux interpellations de Kurdes tournent à une révolte
La confédération des associations kurdes en France (FEYKA) appelle toutes les associations kurdes en France à protester demain dimanche 5 juin.
Ce matin (4 juin) à Arnouville (Val d’Oise) et à Évry (Essonne), des policiers sont intervenus dans deux centres culturels pour interpeller des militants kurdes pendant des réunions publiques.
Cela a dégénéré en raison de l’intervention d’autres Kurdes qui se sont opposés aux arrestations. Les policiers ont fait usage de gaz lacrymogènes et de tirs de flash-ball.
De nombreux policiers ont été appelés en renfort. Des jeunes Kurdes ont rejoint leurs camarades et des heurts avec la police ont eu lieu. Cela a duré pendant plusieurs heures.
Dix Kurdes sont blessés dont un très grièvement et sont transportés à l’hôpital de Gonesse. La personne est entre la vie et la mort.
6 personnes ont été interpellées.
La Confédération des associations kurdes en France (FEYKA) a appelé toutes les associations kurdes en France à protester demain [dimanche 5 juin].
Mille Babords, 4 juin 2011.
Val d’Oise, Essonne : émeutes après des interpellations de Kurdes
Des échauffourées ont éclaté samedi dans un quartier situé à la limite d’Arnouville, Gonesse et Villiers-le-Bel, dans le Val-d’Oise. D’après les éléments recueillis sur place, il s’agirait d’une interpellation qui aurait mal tourné. Onze personnes de la communauté kurde ont été blessées et transportées à l’hôpital de Gonesse, selon le maire PS de cette ville, Jean-Pierre Blazy.
Des évènements de même nature se sont produits au même moment dans l’Essonne, à Évry.
« Deux personnes ont été interpellées à Évry et une à Arnouville dans le cadre d’une enquête préliminaire, ouverte par la parquet de Paris, et confiée à la sous-direction anti-terroriste (SDAT) », a annoncé dans la soirée une source judiciaire, sans préciser leur identité.
Voitures caillassées, poubelles incendiées — Tout aurait commencé dans la matinée, vers 10 heures, lorsque des policiers ont effectué une perquisition au Centre culturel d’Arnouville « Le Refuge », 11 rue Jean-Jaurès, près de la gare d’Arnouville-Villiers-le-Bel-Gonesse, et interpellé deux ressortissants kurdes. Les forces de l’ordre auraient été empêchées d’intervenir par d’autres membres de la communauté et l’arrestation aurait dégénéré. Dans la rue, les voitures des policiers été caillassées et des poubelles incendiées en début d’après-midi. Des magasins ont baissé le rideau. Un subit accès de violence qui a nécessité le déploiement d’un important dispositif de sécurité.
De nombreux CRS casqués et équipés de gilets pare-balles ont été appelés en renfort pour contenir les débordements. Environ quarante voitures de police, des camions de pompiers et un hélicoptère de de la sécurité civile ont été déployés sur place, alors que d’autres ressortissants kurdes, parmi lesquels de nombreux jeunes, arrivaient pour prêter main forte à leur compatriotes. L’accalmie n’est intervenue qu’après plusieurs heures de heurts. Vers 15h45, le plus gros du dispositif de sécurité a pu être levé.
« C’était très impressionnant, raconte une habitante du quartier dont le pavillon se situe à proximité du centre. Quand les violences ont commencé les policiers étaient peu nombreux, il y avait une cinquantaine de manifestants tout au plus, et à la fin ils étaient au moins deux cents ! » Cette habitante a constaté les dégâts. « Le quartier est dans un état pitoyable, la poubelle de mon voisin s’est retrouvée de l’autre côté de la rue et ma cour était jonchée de cailloux. Le gaz lacrymogène est entré jusque chez moi, j’ai dû déplacer mes enfants à l’étage… Plusieurs voitures de policiers et de particuliers ont été caillassées, c’était vraiment inquiètant, ça m’a fait penser à ce qui s’est passé à Villiers-le-Bel, de l’autre côté de la gare, il y a trois ans. »
« Des gaz lacrymogènes en présence des enfants » — Contacté par leparisien.fr, Daniel Auguste, élu délégué au commerce et à l’artisanat à Villiers-le-Bel, confirme les circonstances de la descente de police. « Ils venaient chercher deux personnes au moment où il y avait un cours de danse folklorique pour les enfants. L’ambiance était très tendue, la police a utilisé des gaz lacrymogènes en présence des enfants et ça a dégénéré. Après ça, il y a eu des commerces saccagés, des feux allumés un peu partout… Les forces de l’ordre ont déployé un dispositif très conséquent. Je n’ai pas vu une présence policière aussi importante depuis 2007, même s’ils ne sont quand même pas aussi nombreux qu’à cette époque… »
Dans un communiqué diffusé samedi, le Parti communiste estime que « la France se couvre de honte en utilisant contre ces hommes les mêmes pratiques que celles qu’ils ont fuies en quittant la Turquie ». Il demande la libération immédiate des militants kurdes et l’arrêt des violences sur leurs soutiens. Selon le PCF et le président de la Maison culturelle kurde d’Arnouville, l’homme interpellé samedi dans cette ville est Nedim Seven, membre actif du PKK, considéré comme un groupe « terroriste » par de nombreux pays. Les sources policières et judiciaires n’avaient pas pu confirmer l’information samedi soir.
Nedim Seven « s’est déjà vu refuser l’autorisation d’entrer à l’Assemblée nationale lundi dernier pour participer à un colloque », a ajouté le PCF dans un communiqué. Le président de la Maison culturelle kurde d’Arnouville, Maxime Tosun, présent lors de l’interpellation, décrit son association comme « culturelle et folklorique ». « Quand les policiers sont entrés, a-t-il ajouté, ils nous ont demandé de nous mettre par terre. Il y a avait des femmes et des enfants. Une femme a reçu un coup de matraque. »
À Évry aussi, des interpellations dégénèrent — À Évry, peu après 14 heures, une cinquantaine de personnes se sont attaqué aux policiers, place des Miroirs, dans le quartier des Pyramides. À l’aide de pierres, de morceaux de fer ou de bois, ces hommes âgés d’une quarantaine d’années ont caillassé les agents présents sur place. Vers 15 heures, les manifestants, qui s’étaient déplacés devant le restaurant McDonald’s situé près du centre commercial Évry II, ont de nouveau lancé des projectiles sur les policiers. Ceux-ci ont riposté avec des tirs de flash-ball et de grenades lacrymogènes. Aucun blessé n’est à déplorer dans les rangs des fonctionnaires. Un individu a été interpellé. Les forces de l’ordre ont sécurisé les abords de l’hôtel de police.
Trois personnes ont été très légèrement blessées dans ces heurts, selon l’AFP, mais ont refusé d’être prises en charge par les pompiers. Le cortège, qui a atteint une centaine de personnes, s’est ensuite dissous dans le calme.
Là aussi, comme dans le Val d’oise, c’est l’interpellation par la police de deux personnes d’origine kurde qui serait à l’origine de ces échauffourées.
Leur presse (Le Parisien.fr), 4 juin 2011.
Violences en Ile-de-France suite à des interpellations dans la communauté kurde
Des heurts entre membres de la communauté et forces de l’ordre ont eu lieu à Arnouville (Val d’Oise) et à Évry (Essonne).
Dix personnes ont été interpellées samedi à Arnouville (Val-d’Oise), lors d’affrontements entre membres de la communauté kurde et forces de l’ordre, après une perquisition et l’interpellation d’un homme à la Maison culturelle kurde, a-t-on appris de sources concordantes.
Samedi vers 11 h 35, une perquisition a été menée dans ce centre culturel situé près de la gare RER d’Arnouville-Gonesse-Villiers-le-Bel. S’y tenait une réunion à laquelle participaient une quarantaine de personnes, a indiqué une source judiciaire. Un homme d’origine kurde a été interpellé lors de cette perquisition, a-t-on ajouté sans en préciser le motif. D’autres personnes se sont alors jointes au groupe, qui a atteint entre 100 et 200 personnes. Des voitures de police ont été caillassées et un policier légèrement blessé, a ajouté cette source, en précisant que dix personnes avaient été interpellées à la suite de ces incidents. Du mobilier urbain a également été brûlé et des ordures déversées dans la rue. Un important dispositif policier a été déployé, incluant des renforts du département voisin de la Seine-Saint-Denis, a précisé une source proche du dossier. Le calme est revenu vers 16 heures.
Deux personnes d’origine kurde ont également été interpellées samedi vers 14 h 30, dans le quartier des Pyramides à Évry, où des échauffourées se sont aussi produites mais sans donner lieu à d’autres interpellations et sans que le motif de leur arrestation ait pu être précisé. Une cinquantaine de personnes se sont alors rassemblées et ont envoyé des projectiles sur les forces de l’ordre, qui ont engagé des renforts. Vers 15 heures, les manifestants, qui s’étaient déplacés devant le restaurant McDonald’s situé près du centre commercial Évry-II, ont de nouveau lancé des projectiles sur les policiers, lesquels ont fait usage de flashballs et de grenades lacrymogènes. Trois personnes ont été très légèrement blessées mais ont refusé d’être prises en charge par les pompiers. Le cortège, qui a atteint une centaine de personnes, s’est ensuite dissous dans le calme.
Leur presse (Agence Faut Payer), 4 juin 2011.
Heurts violents à la gare de Villiers-le-Bel
Une cinquantaine de policiers casqués et armés de flash-balls, déployée ce samedi à la gare RER de la ville du Val-d’Oise. Les forces de l’ordre étaient semble-t-il venues arrêter des sans-papiers kurdes.
Des heurts violents opposent ce samedi après-midi des individus et des policiers dans le quartier de la gare de Villiers-le-Bel (95). Les commerces de l’avenue Pierre Sémard, qui mène à la station RER D de la ville, ont baissé leur grille. La gare est fermée au trafic des voyageurs, les trains ne s’y arrêtent plus. Des individus ont mis le feu à des pneus au milieu de la chaussée.
Vers 13 heures, des sirènes de police ont retenti. À 14h30, des policiers, environ une cinquantaine, casqués, équipés de boucliers et de protection au torse, faisaient usage de flash-balls pour neutraliser un groupe de personnes dont on ignore le nombre. Ils ont commencé à procéder à des arrestations. Un hélicoptère, probablement de la police, survole la gare. D’après de premiers témoignages, ces heurts auraient éclaté après que des policiers sont venus arrêter des sans-papiers d’origine kurde regroupés dans un bâtiment associatif proche de la gare.
Leur presse (Chaker Nouri, BondyBlog), 4 juin 2011.
Affrontements à Villiers-le-Bel : « une émeute de bourgeois ! »
La communauté kurde d’Arnouville-lès-Gonesse, composée en grande partie de commerçants et qui a ses habitudes dans le quartier de la gare RER, s’est rebellée samedi contre la police. Des jeunes, étrangers à ces heurts, ont assisté à la bagarre en spectateurs.
Après plusieurs heures d’affrontements, samedi après-midi, entre la police et des membres de la communauté kurde, le quartier de la gare de Villiers-le-Bel a retrouvé peu à peu son calme. Mais on sent que la situation peut dégénérer à tout moment, et pour cause. « Nous n’acceptons pas la manière de faire de la police, la France est sous le diktat de la Turquie », affirme Ogour, un jeune Kurde résident dans la zone pavillonnaire d’Arnouville-lès-Gonesse, localité voisine de Villiers-le-Bel.
Hasard ou pas, il y a actuellement des élections en Turquie et beaucoup pensent que les échauffourées de samedi leur sont liées. « On veut nous provoquer en nous humiliant », accuse Levent, un commerçant du quartier la gare. « Des dizaines de nos frères sont en garde à vue ou blessés (suite aux affrontements d’hier, ndlr), nous sommes des pacifiques, mais on ne peut laisser faire cette injustice », réagit avec force Shouaib, étudiant en mathématiques.
Les heurts se sont produits à quelques centaines de mètres des quartiers populaires de Villiers-le-Bel. Mais ils ne ressemblent en rien aux émeutes qui ont frappé la ville en novembre 2007. D’une part, les incidents se sont déroulés dans une zone pavillonnaire, d’autre part, ils impliquent une population de propriétaires et de commerçants. Très peu intégrés dans la société civile, renfermés comme peut l’être la communauté chinoise du 13e arrondissement de Paris, les Kurdes vivent en quasi autarcie et s’intéressent bien plus aux affaires politiques turques qu’aux élections présidentielles de 2012 en France. « On ne fait pas de bruit. On veut juste qu’on nous laisse tranquilles », martèle Levent. Un cri repris en chœur par les commerçants de la gare de Villiers-le-Bel.
Appelée « la petite Istanbul », l’avenue Pierre Semard, qui traverse le quartier de la gare, est composée en grande partie de commerces chaldéens (chrétiens) et kurdes (musulmans), avec un dénominateur commun : la langue turque… et la haine des Turcs. Tout ce petit monde vit depuis prés de dix ans en parfaite harmonie : coiffeur, bar, restauration rapide, mais sans vraiment se fréquenter.
« Les Kurdes je les aime bien. Mais ils sont en train de casser le business en exportant nos problèmes en France », affirme Sabbah, un jeune commerçant d’origine chaldéenne, mécontent d’avoir dû fermer sa boutique pendant plusieurs heures samedi. « On a eu peur. Des tirs de flashs-balls, des jets de pierres. C’était l’Intifada », raconte, encore apeurée, Virginie, une coiffeuse d’origine chaldéenne.
Ceux qui n’appartiennent pas aux communautés chaldéenne et kurde ont du parfois du mal à faire la différence entre les émeutes de samedi et celles de 2007. « J’en ai marre, je vais vendre ma boutique. C’est plus possible. Je ne sais pas encore pourquoi je reste », affirme Nathalie, une commerçante du quartier. D’autres sont fatalistes : « Je ferme quelques heures et je viens de rouvrir ma boucherie. Regarde ce qui se passe en Libye. Il n’y a pas mort d’homme », dit avec le sourire Mohamed, le boucher du quartier.
Pour une fois, les jeunes de Villiers-le-Bel sont spectateurs : « Et dites aux médias que c’est une émeute de gosses de riches et de fils à papa… Et c’est pas à Villiers, c’est chez les bourgeois à Arnouville… »
Leur presse (Chaker Nouri, BondyBlog), 5 juin 2011.