… Une occupation de plus
Sur Vienne, Autriche, quatre jours que s’organise un camp de solidarité aux multiples luttes en cours…
Tentes sur une des grosse place de la ville, débats, bouffe, réflexions collectives, bibliozines de rues, projections, concerts… Les premiers jours étaient tournés vers un citoyennisme ambigu, réformiste et populaire, depuis deux jours, les conversations sont plus ancrées dans l’acte, du devenir des luttes aux actions envisageables…
Vienne est une ville froide, loin des traditions orales et des occupations anodines, ici le dialogue est compliqué mais les langues se délient, prennent confiance et réapprennent a suggérer, à penser, à oser l’ensemble…
Les cartons couvrent le goudron, la pluie nous réveille, les liens se renforcent, les journées sont remplies…
Et si les nerfs se tendent c’est que le « be peaceful » n’est plus d’actualité, que les violences démocratiques nous usent, que les conséquences de nos vies sont conscientes, les yeux ne se referment pas… Nous ne sommes pas nombreux et la situation actuelle du pays nous contraint à constater que l’esprit révolutionnaire, ici, est plus proche du compte épargne que des pavés. Mais nous sommes motivés, euphoriques, aussi, à l’idée de nous réapproprier ce qui nous a toujours appartenu.
D’un point de vue extérieur ce n’est pas grand chose, une poignée de radicaux qui festoient sur la place publique, qui discutent leur point de vue et s’échangent des bons plans… Mais lorsqu’on connaît un peu l’indifférence banale que le confort cultive… Lorsqu’on vit là, sur cet îlot de complainte généreuse, d’aisance matérielle aux hypocrisies souriantes, on sait que c’est beaucoup.
Les regards fourmillent sur le sol tagué, des : « police kill you, stay peacefull ! » Aux yeux de tous, des abris maladroits, des sourires contagieux et des envies qui se gueulent… Des frustrations qui s’expriment, un début.
Du 8 au 9 juin, la ville accueille « the World Economic Forum », une aubaine pour se synchroniser sur un envisageable épanouissement de la lutte…
C’est un petit pays qui dort, qui attend le chômage, la répression d’une économie sauvage et la violence policière pour se réveiller… Aidons-le !!!
Que la paisibilité fournie par les marchands de rêves soit sabotée, que les répercussions de notre luxe mésestimé s’abattent aussi sur l’Europe forteresse…
Courage et solidarité !
Si le soleil ne se lève pas, nous le remorquerons !
Paix !
1er juin 2011.
… Une occupation de plus, celle de nos esprits
Ici, Vienne, le camp s’est rendu mobile… de Karlplatz au campus universitaire.
Malheureusement, un choix qui nous a coûté beaucoup… Le campus, certes a une infrastructure qui nous offre depuis quelques jours un confort sécurisant mais aussi un isolement incontrôlé. Les égos ont aussi fait des siennes, des prises de pouvoir involontaires, des monopoles de paroles, des ordres et des blâmes mal placés. La radicalité s’est ici changée en sectarisme, la certitude est devenu intolérance, le respect de la différence, encore, vanté par ceux qui la tuent. Certains ont donc quitté l’assemblée, ressemblant plus aujourd’hui à une organisation close détenant la vérité qu’à une quelconque main tendue. Il est important que chez vous, vous fassiez la révolution dans vos révolutions, que les idoles se consument, que les prophètes la ferment, que les petits chefs soient hués avant le trône… Il nous faut déconstruire nos orgueils pour déconstruire les pyramides qui siègent dans nos crânes… Nous avons besoin de constructions concrètes, pas de reproductions imbéciles masquées par un drapeau noir petit bourgeois, nous sommes dans l’ombre et nous ne perdons pas l’espoir, la dissolution des ambitions populaires ont donné vie à des groupes affinitaires qui, nous l’espérons, nàattendront d’aucun homme, d’aucune femme, d’aucune autorité les permissions requises pour habiter nos espérances… Le désir reste vivace, ce n’est pas la première des désillusions, pas la dernière, le pouvoir est un ennemi invisible, là, en nous, pensons l’avenir en le bâillonnant…
Force à tous ceux qui luttent, gardent leur force dans l’obscurité du présent…
Paix et Courage !
4 juin 2011.