[27 mai, 15h] Le 20 rue Bichat (10e) était occupé depuis une semaine par une partie des harragas du collectif de Lampedusa à Paris, déjà expulsés il y a deux semaines du 51 avenue Bolivar. Hier jeudi 26 mai, à partir de 19h, une centaine de flics et gendarmes ont fait le siège de l’immeuble et du quartier. Ils se sont directement pointés avec les RG et les tenues anti-émeute. La porte a résisté au premier assaut. Les fameuses « preuves » de présence depuis une semaine (EDF, assurance, etc.), les proprios et les keufs n’en avaient strictement rien à foutre depuis leur arrivée, comme souvent quand il s’agit de squats de Rroms, sans-papiers ou autres radicaux de service.
La préfecture de police a géré de bout en bout cette expulsion sans autre procédure que le rapport de force brut (en notre défaveur, mais patience…). Ça a zoné jusque vers 23h, où les flics d’abord, puis les escadrons de gendarmes mobiles équipés, ont repoussé la petite centaine d’individus solidaires de la rue Bichat jusque vers la rue du Faubourg du Temple. Là poubelles et barrières ont été renversées, des bouteilles ont volé, des vitrines ont tremblé, nous avons été repoussés en deux charges jusqu’au croisement avec le quai de Jemmapes, avant que les manifestants énervés ne se dispersent vers République juste avant l’arrivée massive de BAC. Un dispositif policier de plusieurs cars a bloqué la rue Bichat toute la nuit.
Vendredi 27 mai à partir de 6h45, un dispositif de plus d’une centaine de flics (à base de CRS cette fois) bouclait hermétiquement le quartier et expulsait les (alors) 17 occupants du 20 rue Bichat, 8 harragas et 9 solidaires (camarades et compagnons). Le propriétaire, l’AFTAM (un gestionnaire de foyers), a porté plainte pour « violation de domicile », « occupation illégale » et « dégradations », justifiant une garde-à-vue pour tous. Ils sont au comico du 11e, passage Dallerey.
Peu avant midi, une trentaine de harragas et solidaires a occupé le siège de l’AFTAM, 16/18 cour St Éloi (12e) jusque vers 14h. Ils exigeaient le retrait des plaintes et la récupération de l’immeuble expulsé devenu un foyer autogéré. Seul le premier point a été obtenu, tandis que plus de 30 camionnettes de CRS stationnaient tout autour du siège de l’AFTAM, sous la houlette des mêmes services politiques qui tentent de mener le bal depuis deux jours (RG spécialisés et narquois en tête, proc’ et autres ordures préfectorales qui gèrent au-dessus). Nous avons réussi à sortir de ce lieu immonde de l’exploitation et de la collaboration sans interpellation. Les chtars qui se sont déployés en masse pour la seconde fois en quelques heures, sont cette fois repartis sans leurs proies.
À cette heure (15h), les 17 occupants sont toujours en garde-à-vue, tandis que les déploiements policiers conséquents (comme lors de l’expulsion du 51 avenue Bolivar le 4 mai ou la manifestation avortée du 21 mai) contre les harragas tunisiens déterminés et leurs camarades solidaires, ainsi que la gestion éminemment policière de cette lutte en disent long sur la volonté de l’ennemi. Que la solidarité active soit une arme…
Brèves du désordre, 27 mai 2011.
Urgent : pour le nouveau lieu de Tunisiens à Paris
Pour celles et ceux qui n’auraient pas reçu les textos d’urgence : Un nouveau « foyer » de Tunisiens a été ouvert depuis plusieurs jours au 20 rue Bichat, dans le 10e métro Goncourt, il est depuis ce soir menacé par des flics et des CRS en nombre. Les camarades ont besoin de renfort.
Infozone, 26 mai 2011 – 21h09.
Urgent ! Arrestations tunisiens et soutiens
Urgent ce matin 6h30 :
La police a barré la rue Bichat pour évacuer les Tunisiens et des soutiens qui étaient rue Bichat dans un immeuble vide appartenant à l’AFTAM et Stéphane Hessel.
Ils sont tous au comico passage d’Allerey, no 20 , métro Voltaire ligne 9.
Besoin de soutiens !!
Infozone, 27 mai 2011 – 9h03.
Un squat de Tunisiens évacué à Paris
La police a évacué ce matin un immeuble du Xe arrondissement à Paris occupé par des squatteurs, notamment des immigrés tunisiens, et elle a procédé à 17 interpellations, a indiqué la préfecture de police (PP).
L’opération s’est déroulée « dans le calme » entre 07h00 et 07h50, a précisé la PP. L’immeuble occupé, situé rue Bichat, est la propriété d’une association spécialisée dans l’hébergement social, l’Aftam. Le bâtiment était en instance de rénovation, selon la PP.
Selon une coordination des intermittents et précaires, c’est à la suite de « l’absence de réponse de la Ville de Paris à leurs demandes » que les Tunisiens sans papiers avaient élu domicile dans cet immeuble, « y installant l’ébauche d’un foyer autogéré avec l’aide de militants solidaires ». Les personnes interpellées ont été conduites dans un commissariat du XIe arrondissement.
Leur presse (Agence Faut Payer), 27 mai 2011 – 10h07.
2e urgence ! Les Tunisiens du gymnase Fontaine-au-Roi
D’une pierre deux coups ?? URGENCE SOUTIEN aussi au gymnase métro Couronnes.
[8h54 – UCIJ] Une dizaine de cars de CRS signalée entre fbg du Temple et le canal stMartin en bas de la rue de la Fontaine-au-Roi. Expulsion du gymnase du 100 rue de la Fontaine-au-Roi imminente ?
[10h13] Des soutiens sur place signalent qu’il n’y a plus aucun dispositif de flics sur place !! Ni cars CRS !
Infozone, 27 mai 2011 – 9h11.
Paris : Un nouveau squat de harragas sans logis sous expulsion
Des nouvelles de quelques-uns des harragas qui ces derniers mois ont traversé la Mediterranée, puis l’Italie où de nombreuses luttes ont eu lieu que ce soit à Lampedusa ou dans les camps.
En France, beaucoup survivent dans des conditions très précaires, notamment dans des squares comme celui situé sous le périphérique de Porte de la Villette. Depuis plus d’un mois maintenant plusieurs se sont organisés. Après l’occupation d’un immeuble rue Simon Bolivar dans le 19e arrondissement qui a été expulsé manu militari début mai et l’occupation toujours en cours d’un gymnase dans le 11e, un nouvel immeuble devenu le refuge de plusieurs d’entre eux est menacé d’expulsion.
Voilà leur communiqué :
Depuis le 16 mai, plusieurs dizaines de harragas de Lampedusa sans logis occupent un immeuble vide rue Bichat à Paris-10e. Son propriétaire, l’AFTAM (gros gestionnaire de foyers, dont justement plusieurs de migrants) le laissait vide depuis quelques mois.
Hier soir, jeudi 26 mai, vers 19h40, des dizaines de flics (dont 6 cars de gendarmes mobiles) ont tenté de rentrer en force dans l’immeuble, malgré tous les documents administratifs (assurance, EDF…) démontrant qu’il était occupé depuis près d’une semaine par ses occupants.
Sur le moment, l’AFTAM a lâché une vague promesse d’entamer une procédure, tout en refusant de « communiquer » sur la question avant vendredi. En tout cas, cette nuit, le bâtiment était toujours cerné par les flics (rue Bichat barrée des deux côtés).
L’AFTAM veut-elle se rendre complice du ministère de l’Intérieur en expulsant les occupants harragas pour les remettre à la merci des rafles ? Son slogan proclame « donner les moyens de l’autonomie », est- ce que ce serait par hasard en livrant une cinquantaine de harragas à la police ?
L’AFTAM doit prendre ses responsabilités, et ce n’est pas en se cachant derrière une possible procédure express qu’elle pourra garder les mains propres !
Un foyer autogéré pour les harragas !
Des papiers pour tous !
Ni police ni charité !
Des harragas sans-logis de Lampedusa et leurs voisins solidaires,
jeudi 26 mai 2011, minuit
Indymedia Nantes, 26 mai 2011.
La police est arrivée au soir du 26 mai au 20 rue Bichat, Paris 10e (métro Goncourt) au prétexte d’un appel pour un \cambriolage\ (sic).
Suite à l’absence de réponse de la Ville de Paris à leurs demandes, c’est à cette adresse que depuis près d’une semaine des Tunisiens sans papiers ont élu domicile, y installant l’ébauche d’un foyer autogéré avec l’aide de militants solidaires.
Cet immeuble appartient à l’AFTAM, association gestionnaire de foyers.
Les occupants ont pris contact avec ses responsables et les ont informés de l’existence de preuves qui confirment qu’ils sont bien installés dans les lieux depuis plus de 48h.
Les responsables de l’AFTAM se réuniront ce 27 mai pour étudier la situation.
Cette association a pour devise \donner les moyens de l’autonomie, meilleur chemin vers l’insertion\, et résume ainsi ses objectifs : \Qu’il s’agisse d’hébergement social, de promotion sociale ou de médico-social, la volonté de l’Aftam est simple : aider les plus fragiles à trouver leur place dans la société. Par le logement social, l’hébergement, l’accompagnement social ou l’accueil en structures spécialisées, nous placerons toujours le client au coeur de nos prestations. \
L’immeuble de la rue Bichat était vide depuis longtemps. Il a été par nécessité rendu à sa vocation par les \clients\ eux-mêmes.
Nous espérons que l’AFTAM ne cédera pas aux pressions de la préfecture et de la Ville -constatées au soir du 26 mai- et ne fera pas mine d’ignorer que ces Tunisiens ne peuvent légalement être expulsés sans une procédure judiciaire : l’AFTAM doit refuser de requérir l’intervention policière illégale que ces institutions racistes et anti sociales réclament d’elle.
Nous espérons également qu’elle n’oubliera pas sa vocation première et saura concéder les moyens d’une autonomie que les Tunisiens ont décidé d’assumer en s’organisant collectivement.
Ils réclament des lieux de vie qui en soient pas régentés à la façon du foyer Aurore financé par la Ville de Paris (fermé la journée, caméras, interdiction de recevoir des visites) mais dont le fonctionnement soit décidé par eux-mêmes.
Par ailleurs, les cent à cent cinquante Tunisiens qui dorment au gymnase du 100 rue de la fontaine au roi, occupé depuis le 7 mai dernier, ne reçoivent de la mairie aucun soutien matériel : l’approvisionnement en nourriture, produits d’entretien et tout autres moyens dépend de la solidarité.
Chaque midi un repas collectif y est organisé, les Tunisiens faisant à manger avec l’appui de militants. Vous êtes invités à venir donner la main à partir de 11h.
Nombre de Tunisiens sans papier en lutte comptent manifester samedi à 14h à Barbes contre le racisme et pour la régularisation.
Un extrait de l’historique de l’AFTAM
\L’Aftam naît dans le sillage de la décolonisation. Ses fondateurs, avec Stéphane Hessel, leur premier Président, veulent aider les ressortissants des anciennes colonies devenues indépendantes à acquérir par la formation une qualification utile au développement de leur pays lors de leur retour au village d’origine. Mais, très vite, l’hébergement et l’accompagnement social des Africains devenus étrangers en France et résidant souvent dans des conditions insalubres, va devenir une priorité : « il faut inventer un type d’hébergement collectif qui sauvegarde les traditions villageoises, et donner la possibilité aux travailleurs immigrés de vivre simplement mais dignement pour pouvoir soutenir financièrement leurs compatriotes restés au pays ».
L’Aftam se met alors en quête de vastes locaux, d’usines désaffectées pour les transformer en foyers dortoirs. En 1968, elle gère déjà 9 foyers et plus de 2 000 lits. Son service emploi permet à 1 800 Africains de trouver un emploi. Parallèlement, le service social organise des actions de prévention sanitaire et fait bénéficier de soins à plus de 1 000 personnes. Enfin le service enseignement suit 1 200 stagiaires en formation. L’Aftam est lancée avec les principales composantes de son activité future. \
etc.
A 23h30, les flics sont toujours devant (au moins 4 camions garés) ; ils ont embarqué tous ceux qui restent dans la rue (y a plus qu’un petit groupe). Ils attendent encore un peu que y ait personne & c’est l’expulsion…