LOPPSI 2 votée ? – Rien à battre !
Ou, Pour une contre-offensive à la tyrannie grandissante
La Loi LOPPSI 2, comme les lois sécuritaires antérieures, a été votée et démocratiquement votée. Les recours institutionnels, le rôle pathétique des élus dans cette lutte et l’opportunisme des partis politiques, ont joué le rôle escompté et prévu. Résultat nul pour les politicards, bien que médiatique…
La situation s’est donc clarifiée : nous sommes seuls face à l’État et ses « bandes armées ».
Ne voyez pas en ceci une découverte. Beaucoup d’entre nous l’affirmions hier. La nouveauté, c’est que d’autres le découvrent aujourd’hui et pleurent les « acquis » défunts du « Conseil National de la Résistance »…
La réalité politique d’un pays est toujours embrumée par des idéalismes préfabriqués que l’on revend à des opposants indignés, pour qu’ils s’opposent comme l’ordre l’a planifié, car ce dernier entend les contrôler.
Cette réalité politique nous la retrouvons avec les mouvements « citoyens », et la course à l’échalote dite « démocratique » qui ont plus ou moins parasité les Collectifs Anti-LOPPSI 2 du territoire.
Ce n’est pas par sectarisme que nous dénonçons ces derniers, mais par pragmatisme et désir de lendemains. Lendemains interdits par la naïveté des uns, interdit par le narcissisme politicien des autres…
I. Ce qui suit n’a qu’une préoccupation : le devenir de la lutte anti-LOPPSI 2
Je dénoncerais ci-après l’inefficacité, voire la nuisance, que certaines positions « pacifiantes » imposent à notre mouvement en enrayant sa dynamique.
Il s’agira aussi de souligner et de distinguer les motivations antagonistes qui arrivent aujourd’hui à leur paroxysme au sein de nombreux collectifs. Antagonismes qu’il nous faudra soit dépasser, soit consommer à-travers le divorce de nos « forces ».
Ainsi, je partirais du point de vue qu’il y a deux postulat distincts : celui de l’escarmouche législative traitant de LOPPSI ou du seul article 32 ter A, comme d’un souci spécifique (postulat « minimaliste »), et celui qui s’oppose à LOPPSI comme à toutes les autres lois de contrôle et d’oppression, pour se donner les moyens de combattre concrètement l’oppression croissante du domaine législatif comme économique sur les populations (postulat « maximaliste »).
LE MINIMALISME : UNE CONTRE-RÉVOLUTION PERMANENTE — Les mouvements de contestation antécédents prouvent que la force des masses ne s’exprime pleinement que dans son indépendance envers toutes les institutions. Ils prouvent qu’en cas de contestation dépassant les cadres légaux (comme en décembre 95, mouvement des chômeurs 1997-98, CPE, retraites, etc.), par la création d’un véritable mouvement social où le prolétariat affirme son autonomie envers toute représentation de lui-même, tout Parti, tout Syndicat et toutes Lois, la peur étatique de l’insurrection conduit le pouvoir à distiller sur le long terme ce qu’il veut imposer, envers et contre tous (comme pour la réforme de la Sécu en 95 ou le CPE).
Néanmoins, force est de constater que JAMAIS le pouvoir ne fait marche arrière sur ce qu’il a arrêté, mais l’aménage. Le postulat « minimaliste » occulte ceci par l’illusion de la victoire législative, électorale, etc. Victoires proclamées et non-réalisées, comme pour occulter la réalité de la guerre qui se joue tous les jours entre ceux qui possèdent et ceux qui versent leur tribut pour subsister (manger, se loger, etc.).
L’aménagement des « réformes » comme des projets de loi, écarte le risque insurrectionnel. Il est dans les moyens du pouvoir de se donner le temps nécessaire pour appliquer et affirmer ses « réformes » et lois en intégrant et en associant à leurs applications et réalisations, ceux qui les contestent, par ce que l’on appelle dorénavant des « négociations », s’auto qualifiant de « Victoires ».
Ces « négociations » dissimulent des aménagement dans le temps. Elles sont de véritables tours de passe-passe où l’on fait croire à une victoire médiatique et ponctuelle quand le fait démontre que les gouvernants ne font qu’appliquer sur 10 à 20 ans ce qu’ils prétendaient imposer en une fois, via le vote en Assemblée Nationale. Idem pour les fermetures d’entreprises, où l’on a souvent constaté qu’une liquidation violemment contestée par les ouvriers peut s’étaler sur 1 à 4 plans sociaux, qui n’ont d’autre avantage que d’éroder les résistances, de les épuiser, de les diviser, tout en réaffirmant le culte idolâtre du travail pour chacun, tout en détruisant le socle fondamental de la résistance qu’est celui de la lutte collective et de ses perspectives d’émancipations collectives. Ce qui est particulièrement grave à ce sujet, c’est que le mouvement « citoyenniste », et ses perspectives « minimalistes », compte et fait espérer ces fameuses négociations qui mettent à bas nos combats depuis 20 ans en épuisant les populations en grèves perlées, en défilés décrétés non-violents (quitte à employer la violence et la délation pour qu’ils le restent), etc.
Comme à-propos de la réforme des retraites en 2010, ils vont déployer une débauche d’énergie phénoménale et pacifiante, pour informer les masses comme les missionnaires en pays païens le faisaient. Il s’agit là de recruter pour faire des défilés, car le nombre de randonneurs est, pensent-ils, une expression « citoyenne et démocratique » que les différents gouvernements doivent prendre en compte. Prendre en compte signifie pour eux : re-négocier…
Or, qu’en est-il concrètement? — Rien, macache, nib ! — Les grandes mobilisations de l’automne 2010 n’ont en rien inquiété le pouvoir. Ne l’inquiétant pas, il ne s’est même pas donné la peine de ré-aménager dans le temps cette réforme des « retraites » et l’a imposé, ce qui démontra l’impuissance et l’inefficacité du syndicalisme, comme de l’opposition, dans ses stratégies et dispositions. Quant aux mouvements citoyens — toujours prisonniers de leur naïveté « démocratique » — ils demeurent ce caniche à sa mémère, à cette gauche adultère et moisie.
Ceci n’empêcha en rien une fraction du prolétariat d’exprimer sa colère et son refus, non pas du seul sujet « minimaliste » des « retraites », mais de tout ce qui motivait cette réforme des retraites.
En réaction à cette analyse et pratique « maximaliste » — et comme à chaque fois où s’opposent ces deux perspectives —, nos « citoyens » déplorent et accusent de fantasmatiques « casseurs », ainsi que la « subjectivité » médiatique. De surcroît, jamais ils ne remettent en cause la nature de leurs positions, de leur discours et de leur tactique héritées d’une succession de contre-vérités scandaleuses, toutes construites sur la négation de la guerre permanente qui existe entres les oppresseurs et opprimés ; tactiques toutes construites sur l’affirmation et la quête quasimystique de la paix sociale entre « citoyens » sans classe dans une « démocratie » rose-bonbon ou qui, du moins, aurait l’avantage de ne rien changer aux joies de l’ascension sociale, de la croissance des salaires et du fétichisme foncier et pavillonnaire. Bien au contraire, ils se fossilisent dans l’illusoire postulat d’être LA vérité rationnelle et légitime de la contestation. Non content d’en crever la gueule ouverte et d’inverser les rôles et effets qu’ils commettent, en accusant les « maximalistes » de tous les maux, ils abîment toutes les contestations en dénonçant tout ce qui n’est pas eux avec une suffisance stupéfiante ; suffisance qui dissuade bon nombre de personnes à rentrer dans des luttes (randonnée en guise de manifestation avec dénonciation des « casseurs », grèves perlées avec dénonciation des « agitateurs », etc. — (Ce qui fait fuir bon nombre de gens qui considèrent, à raison, inutile ce type d’activisme).
Nos « citoyens » deviennent par là-même des adversaires, comme le sont les flics et autres agents civils ou d’État, dont le rôle est d’appréhender tous les risques de dépassement de l’Ordre par son socle social. Dès lors, tout mouvement « citoyen » et « minimaliste » doit être traité comme il se doit : un mouvement réactionnaire et contre-révolutionnaire, un adversaire qu’il nous faut dénoncer comme collaborateur à l’Ordre et au système économique d’exploitation, desquels ils assurent chaque victoire. L’histoire récente comme moins récente confirme un fait : toute contestation qui n’est pas une révolte, qui n’embrasse pas un refus et une affirmation globale, n’est pas une contestation, mais une mendicité négociable n’ayant d’autre traduction dans les faits que de réussir à faire admettre à une population son inadmissible reddition au travers une oppression grandissante que lui impose l’Ordre et ses collaborateurs, dont les « minimalistes » font partie.
L’ATOMISATION DES LUTTES PAR LE MINIMALISME ET LA LÉGITIMISATION DES LOIS PAR LE CITOYENNISME — Les « citoyennistes » et partisans du« minimalisme », nous ont rejoué l’injouable sur LOPPSI 2. Nous abreuvant de pétitions dans un premier temps, interpellant des élus locaux dénués du pouvoir qu’ils leur supposent, dans un second temps nous sortant parfois le référendum pétitionnaire que permet la « Constitution » de l’Union Européenne…
Il me semble néanmoins important de rappeler quelques faits pratiques de ce qu’est la « démocratie » dont ils se disent les défenseurs, bien que celle-ci les cocufie année après année :
Ce n’est pas le nombre de manifestants qui modifie d’un iota une « réforme », mais l’intensité de la réponse qu’a la société à l’intention de l’État et du Capital (rapport de force « maximaliste ») ;
Prenant en considération ce qui précède, des listings de signatures ne représentant au final qu’une indignation « contractuelle » et non réelle, toute pétition est en-deçà du degré zéro de la contestation (intégration de la contestation à un prétendu dialogue social, qui n’a d’autre débouché que la reconnaissance des lois et notre soumission à ces dernières) ;
L’Europe de l’Ouest n’a jamais autant voté de toute son Histoire que ces 20 dernières années. De référendum en élection, nous constatons qu’un suffrage de « OUI » se transforme miraculeusement en « NON » et qu’un suffrage de « NON » provoque une réaction en bloc des partis politiques qui nous expliquent que l’on n’a rien compris, et que l’on est tellement cons qu’au final, c’est eux qui décident et que ce sera « OUI » ! (ainsi, de toutes les consultations à propos de l’Union Européenne, des sacro-saintes élections dont les programmes politiques ne sont plus lus ni débattus par personne, et ne reposent plus que sur un vote de chapelle que l’on répète par atavisme familial).
Nos « citoyennistes » courent après les médias pour mieux s’en scandaliser quand ceux-ci font leur boulot — en l’occurrence, préserver l’Ordre social, économique et politique où ces derniers prospèrent… La réalité médiatique est bel et bien celle-ci : les médias défendent leurs intérêts comme nous le faisons pour nous-mêmes, et à force de leur donner une importance surfaite, c’est eux qui finissent par siffler la fin des mouvements sociaux en changeant tout bonnement la Une des journaux.
Enfin, il est dorénavant évident que les mouvements sociaux doivent poser des exigences claires, et non s’égarer en promesses sur de futures élections, des négociations et autres foutaises pour lesquels nous n’avons plus le temps et que certains syndicats, lors du mouvement des « retraites » (tel que la CGT et la CFDT), avaient pourtant privilégié et/ou anticipé pour être des partenaires sociaux honorables qu’un gouvernement ne s’est pas donné la peine d’honorer. Cette dernière voie est pourtant celle que certaines associations d’habitats alternatifs sont prêtes à prendre…
LOPPSI 2 À L’HEURE DE LA SÉDITION — La logique « citoyenniste », son narcissisme médiatique et son respect pour une « démocratie » illusoire, veut qu’une fois qu’une Loi est votée, tout le monde se carapate et est appelé à se venger « ailleurs » (ce « ailleurs » est très surnaturel et extrêmement mal défini, bien qu’en pratique, la-dite vengeance ne concerne que l’image que se fait de lui-même le « citoyen ». Ainsi, il se venge dans les urnes en hurlant partout pour qui il va voter, et/ou se livre à une course en avant à propos de luttes se succèdant les unes aux autres, lutte qu’il entame et jamais ne finit.
Le « citoyennisme » ne se caractérise pas seulement par son côté missionnaire, ni même par son seul idéalisme niant toutes les réalités politiques pratiques ci-dessus énumérées, mais aussi et surtout, par une course en avant lorsque la droite est au pouvoir : ce mouvement diffus n’a de cesse de passer du coq à l’âne sans établir aucune connection entres les deux bestiaux. Le voilà donc enterrant la lutte anti-Loppsi par la lutte contre le gaz de schiste…
Ceci n’a d’autre vertu que de déboucher sur une hystérie du « contre » qui n’a d’autres velléités que de rester dans les clous, un peu comme certains troubles psychiques conduisent un « malade » à aller demander sa camisole chimique à son psychiatre.
Clous ou camisole, où il s’enferme et enferme les luttes réduites à un rien revendicatif qui n’ont d’autres débouchés que leur contentement (enculer les mouches, diront certains…) et la distillation du défaitisme parmi les larges masses de la population qu’ils fatiguent et auxquels ils offrent un spectacle tout aussi pitoyable que pathétique.
Pour eux, l’objectif n’est pas de lutter efficacement contre tel ou tel objet, mais de lutter pour subsister dans un paysage politique qui a l’allure d’une décharge… en a du moins l’odeur, au vu de certaines personnalités remplissant des rôles de gourou et se nourrissant de ces luttes et tactiques pour dominer leur petit monde.
Tout ceci me permet d’affirmer que toute contestation ne peut-être que séditieuse, ne peut-être que « maximaliste », ou n’est pas. Or, la sédition est inassumable par ces derniers.
Je n’ai jamais douté que LOPPSI 2 soit votée. Par contre, je reste stupéfait devant la surprise de certains « citoyennistes » qui sont « indignés » qu’un projet de Loi proposé par une majorité parlementaire soit voté (ce qui est, notons-le, logique…). Tout ceci me laisse à penser qu’ils seront aussi surpris de voir LOPPSI appliquée et qu’ils le seront encore plus lorsque ceci les touchera directement.
Pour ma part, ce que j’affirme à propos de LOPPSI, c’est que votée ou non, l’enjeu n’est pas de résister à une Loi, mais à son intention et à son application. Dès lors, et c’est là que les « citoyennistes » décrochent réellement, une loi votée que l’on se promet de rendre inapplicable fait de nous des « hors-la-loi » selon la définition la plus élémentaire.
Il s’agit donc d’assumer des positions. Pire à propos de LOPPSI, il s’agit aussi de savoir si nous organisons un véritable réseau de résistance avec toutes les conséquences que cela implique. À savoir que lorsque l’on résiste, il n’y a d’autres limites aux rapports de force que celles qu’impose l’Ordre lui-même. Ordre qui définit l’intensité du rapport de force qui s’établit entre ce qu’il veut et ceux qui lui résistent.
Dès lors, la situation devient extrêmement délicate. Toutefois, il me semble encore plus délicat de se retirer de cette lutte, car se retirer signifie accepter le fichage de nos enfants, accepter le démontage de nos logements, accepter le flicage permanent, accepter la soumission et le sacrifice de nos vies sur l’autel d’une paix sociale en laquelle il est dorénavant clair que nous n’avons aucun intérêt, puisque cette paix est basée sur notre mise à mort.
II. Lutter contre LOPPSI, c’est lutter contre un arsenal judiciaire précis
Mais lutter contre LOPPSI, c’est aussi lutter contre les intentions de ceux qui fabriquent ce genre de saloperie et ceux qui les appliquent. Ce dernier volet nous jette de plein fouet dans la réalité politique de notre monde où il y a des flics, des prisons, des tribunaux, la bourse, le CAC, l’Assemblée nationale, le capitalisme, les antagonismes de classe…
Je ne reviendrai pas sur les analyses collectives que le Collectif Anti-LOPPSI 2 des Cévennes en a fait et dont beaucoup d’autres collectifs anti-LOPPSI saluent la pertinence et la reprennent. – Cette analyse est une nécessité absolue et je renvoie tout à chacun-e à ces lectures, notamment : LOPPSI 2 : outils et méthode pour performer la guerre aux pauvres.
Non, ce qui importe dans la phase de lutte où nous pénétrons et que je prétends traiter ici, c’est « le lutter » contre ceux qui appliqueront cette loi, « le lutter » pour le moral de nos troupes et contre celui de l’adversaire, « le lutter » « pour » et non-plus le lutter « contre ».
Tactiquement, ceci ne pourra donc se traduire que par la création d’une situation de « guérilla » (harcèlement-replis-défense) et la pratique de l’action directe. Il s’agit donc pour nous d’en finir avec les mises en scène de notre opposition à LOPPSI 2 pour que le public que sont les masses se contentent d’applaudir ou de huer. Il s’agit bel et bien de rendre inapplicable LOPPSI 2, tant administrativement que physiquement.
COMBATTRE LOPPSI 2, COMBATTRE L’ORDRE MONDIAL — La phase du combat contre LOPPSI dans laquelle nous pénétrons est celle où se joue bien plus que LOPPSI, bien plus qu’un bout de territoire, bien plus que quelques cabanes.
Cette phase est celle de l’ajustement d’une loi adoptée légalement, démocratiquement, dans un contexte général de résistance devenant de fait « hors-la-loi ».
Les Américains anti patriots-acts, les Londoniens anti caméras, répondent au même problème que nous pose LOPPSI.
Les Tunisiens, les Égyptiens, etc, répondent au même problème transactionnel qui se pose entre tous les États ayant pour mission de pacifier leurs populations pour permettre au système d’exploitation capitaliste de se réajuster sans cesse, et, n’importe quelle population aspire naturellement à vouloir jouir de ses richesses que des aristocraties financières et politiques lui interdisent par la logique même de la propriété et de la gestion.
Il y a donc, en plus du risque de zapage de la part des « citoyennistes », le risque du « vertige » qu’impose cette phase de la lutte. Ceci nous conduit à recadrer l’objet de notre lutte: « Nous battons-nous contre l’outil qu’est LOPPSI ou contre ceux qui manient cet outil ou tout autre outil du même acabit ? » — L’enjeu devient donc clairement celui de la sédition, ou bien, autant aider les flics dès maintenant, en dénonçant nos voisins, en démontant nos yourtes et en dynamitant nos cabanes…
C’est dans le même ordre d’idées et en restant sur l’exemple des habitats non-conformes (exemple non-exhaustif et s’appliquant à toutes les agressions promises par LOPPSI) qu’il s’agit de réfléchir à ce qui suit :
Il est clair qu’à force d’expulsion et qu’au vu des latitudes permises aux forces de l’ordre pour y satisfaire, beaucoup de gens ne vont pas rester inertes quand des bulldozers viendront aplatir leurs maisons, saccager ce qu’elles contiennent et par dessus le marché, avec la promesse de se faire embarquer et condamner à la clef. Il est même fort à parier que certains vont résister désespérément ici et là, parfois même jusqu’à envisager l’irréparable.
Le rapport de force, encore une fois, c’est l’ordre qui l’impose. Individuellement, la réponse ne peut-être que le désespoir, le suicide ou, comme en Tunisie, l’immolation.
L’enjeu est donc bel et bien celui-ci : la désintégration de notre lutte où nous allons grâce aux positions « minimalistes », ne nous assurera que la défaite de chacun. À l’inverse, la reformulation séditieuse de notre unité, établira clairement la responsabilité qu’il y a à assumer collectivement le rapport de force que l’État nous impose, ce qui nous permettra de nous défendre mutuellement et collectivement.
DISGRESSION SUR LA NOTION DE LUTTE COLLECTIVE — Précisons qu’un collectif, qu’un mouvement de groupe, ne s’adapte pas à chacun-e. Cet idéalisme n’est en rien une réalité et ne le sera jamais. Ce qui fonde un collectif de résistance, c’est la rencontre de différents désirs de résistance. Ce qui le mue, c’est sa jouissance partagée dans le métissage des révoltes se traduisant dans la jouissance commune qu’il y a à combattre ensemble. Autrement dit, il ne s’agit pas de poser des conditions à la révolte et à la combattivité des uns et des autres, car toute mise en condition équivaut à l’avortement même de la dynamique collective. En statuant sur un « cahier des charges » de la révolte « bonne » et « mauvaise », l’on ne réussit jamais qu’à renvoyer chacun-e à ses propres frustrations, à son propre isolement.
Mon point de vue demeure extrêmement simple. Un collectif stimule et partage un désir de combativité, non une norme policée des bonnes attitudes (souvent spécifiées comme étant « pacifiques ») et mauvaises attitudes (systématiquement caricaturées et sanctionnées comme étant « terroristes »). Répéter entre nous ce type d’exigence une énième fois en voyant des « pacifistes » exiger une attitude et en gronder une autre, ou à l’inverse, voir des activistes reprocher leurs vœux de non-violence à certains, c’est à proprement dit faire le boulot des flics : c’est du sabotage.
DÉFENSE DE NOS VIES, OFFENSIVES CONTRE L’ORDRE — Quelques maires interrogés en Cévennes sur leur attitude quant aux habitats, comme à tout ce que contient LOPPSI une fois cette loi mise en vigueur, ont tenu un discours des plus équivoques : « Je ne suis pas d’accord avec LOPPSI, mais je préfère l’appliquer que de finir en taule ». Bref, les maires des Cévennes ne choisissent pas la sédition… Il y aura bien quelques hypocrites en affaire avec les conseils municipaux qui chercheront à nous embrouiller sur le sujet, mais ne perdons pas de vue ceci : Qui démonte est un adversaire, qui ne démonte pas et ferme sa gueule est un collabo, et qui bâtit et se défend rentre en résistance effective. Je sais mes propos durs et cinglants, mais je vois les choses ainsi et n’en démordrai pas… Je suis indécrottablement intransigeant. J’assume.
Défendre nos vies exige une clarification quant à ce que nous voulons et ne voulons pas. L’Ordre et le Capital, par l’État, s’est auto-désigné à nous comme adversaire et ennemis mortels. Il s’agit donc dorénavant de rentrer dans une stratégie de contre-offensive sur tous les terrains que LOPPSI nous a préalablement désignés, et comme ils sont nombreux, les flics vont avoir du boulot pour pouvoir nous suivre !
Attendre que les schtroumpfs se pointent chez nous pour appeler à l’aide les copains, voilà une connerie d’envergure qui nous condamne tous à brève échéance. Du moins, ceci ne revêt aucun intérêt puisque s’en tenir à la seule ligne défensive, c’est nous condamner à cette « paix sociale » où nous sommes certains de crever.
À l’inverse, répondre dès maintenant en définissant des objectifs tactiques et collectifs tels que les « Pôles Emploi », les « CAF », les « Mairies », les « Préfectures », les « Tribunaux », etc., voilà ce qui va affoler les forces adverses, les déstabiliser, les occuper et surtout entamer le moral adverse tout en développant notre confiance en nos velléités à construire des séditions et des résistances. Mieux encore : inscrivons nos combats dans notre territoire, celui où l’on vit. Devenons-y ingérables, imprévisibles et incontrôlables.
Ceci est dans nos possibilités et affaiblit considérablement l’Ordre, tant dans ses capacités à nous nuire via LOPPSI et le reste, que dans les représentations fantasmatiques que la population se fait de l’autorité publique, des flics et du Capital.
Bref, la lutte anti-LOPPSI n’est pas morte tant qu’elle s’inscrit dans une démarche de radicalisation croissante et proportionnée à ce que l’État et le Capital cherchent à nous imposer. Cette lutte ne demande qu’à s’épanouir dans toute sa dimension politique, économique et sociale en débordant et en faisant bouillir la marmite sociale d’une société qui n’en peut plus, qui est à bout et qui n’aspire plus qu’à une chose : se renouveler, respirer.
En conclusion, il me semble temps de faire passer ce message aux bourgeois, aux « citoyennistes », à l’État et au Capital : NOUS NE CRÈVERONS PAS EN PAIX !
Liberta ! hasta la victoria, 16 mars 2011.