Pris la main dans le bidon de MOX

L’annonce du camp de Bricquebec contre le départ de Mox pour le Japon était donc un poisson d’avril.

Quoi de mieux que cette réunion de Nucléopolis le jeudi 28 mars aux Pieux pour lâcher quelques tracts et voir le poil de nucléocrates répugnants se dresser. Faire planer le spectre de ce camp à Bricquebec pour stopper le convoi de MOX, pouvait, on l’espèrait, les dissuader de mener leur sinistre besogne à son terme. Rappelons que, il y a deux ans, ce transport de MOX vers le Japon avait été annulé pour cause de catastrophe en cours à Fukushima. Areva n’étant pas à une marque de cynisme près, il n’aura fallu que quelques mois pour qu’elle s’autorise à reprendre son trafic mortifère. Pourtant, la totalité des centrales fonctionnant au MOX sont à l’arrêt au Japon et la majorité de la population japonaise refuse la relance du nucléaire. De plus, le MOX d’AREVA stocké dans les piscines en lambeau des réacteurs de Fukushima menace chaque jour ce pays d’une extinction et même le gouvernement japonais, pourtant lui non plus pas dénué de cynisme, refuse dans ce contexte de recevoir ce cadeau empoisonné.

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En tout cas, une chose est sûre, les médias étaient bien contents d’avoir une info croustillante à se mettre sous la dent. Et hop, revoilà les « antinucléaires musclés de Stop Castor » prêts à dégainer leurs cagoules pour faire fuir le combustible irradié. Et ça va du Ouest-torchon au Figaro, en passant par le Nouvel Obs : « ils sont déjà 50 sur place » diront certains. Les voilà tous qui reprennent la même info, mettent le lien vers le site et, on l’imagine, rêvent déjà de sensationnelles images des « indignés du nucléaire » qui n’ont rien contre cette industrie mais « veulent en découdre avec les forces de l’ordre et veulent s’attaquer à l’ordre établi », dixit la sous-préfette de la Manche lors du camp de Montabot en juin 2012.

Et bien les charognards du spectacle se retrouveront le bec dans l’eau, et c’est non sans plaisir que nous voulons maintenant leur clouer le bec. Au moins, ils auront été contraints d’évoquer l’existence de ce transport qui serait sinon, resté beaucoup plus confidentiel. De cette initiative, nous pouvons nous enorgueillir d’avoir tiré les leçons du « spectacle de Valognes-2011 ». Les médias, eux, auront continué leur train-train quotidien du traitement sensationnel de l’actualité. Aucune recherche n’aura ainsi été menée pour savoir ce qu’il en retournait de ce projet de camp à Bricquebec. Il est clair pour nous que ce n’est pas un quelconque coup d’éclat devant les caméras qui permettra d’interrompre ce commerce de matière radioactive.

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Une cargaison de MOX sous escorte rejoignant le port de Cherbourg avant un embarquement pour le Japon, le 4 mars 2009

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Ainsi, nous ne viendrons pas et nous ne ferons pas de camp à Bricquebec. Nous en avons soupé des rendez-vous donnés aux flics pour venir se jeter dans la gueule du loup. Nous savions pertinemment qu’un blocage réel du convoi allait devoir faire face à un déploiement policier et militaire encore plus conséquent qu’à Valognes en novembre 2011. Ne serait-ce que du fait qu’il s’agit d’un transport de plutonium, élément radioactif le plus dangereux et pouvant servir à l’élaboration de bombes. Nous savions donc que la répression face à une réelle intention de blocage ne pouvait qu’être désastreuse pour les militant-e-s. Rappelez-vous les dizaines de blessé-e-s, dont plusieurs gravement, du côté des militant-e-s anti-THT lors de l’action du 24 juin 2012 à Montabot.

Les succès et les échecs relatifs du renouveau de la lutte antinucléaire depuis deux ans ont créé une force et une expérience collective sur ce qui nous semble stratégiquement pertinent ou non d’organiser. Nous ne serons pas là où vous nous attendez. Les cibles sont nombreuses car l’industrie nucléaire possède quelques talons d’Achille : que ce soit ces transports, de MOX ou de toute autre matière radioactive, ou concernant la distribution de l’énergie et les pylônes.

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Des assemblages de Mox entreposés dans le bateau Pacific Heron lors d’un transport en mars 2009.

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Vérification d’un convoi de MOX arrivé dans le port de Omaezaki en mars 2009.

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Arrivée de MOX en octobre 1999 à la centrale de Takahama.

Nous avons conscience qu’il est délicat de s’autoriser ce type de canular qui peut prêter à sourire alors que ce transport de MOX vers le Japon concerne l’avenir d’une population entière déjà condamnée à vivre en milieu contaminé et à compter les becquerels.

Mais, nous espérons que les militant-e-s antinucléaires comprendront qu’il n’était pas inutile de faire frémir M. Adolphe Colrat, préfet de la Manche, et sa clique de gendarmes. Il n’est pas interdit d’imaginer qu’ailleurs qu’à Bricquebec, le train-train quotidien du nucléaire sera perturbé. Notre détermination reste intacte.

Solidarité avec les anti-nucléaires japonais !

Le collectif Brique-Bec stop MOX, 15 avril 2013 – 22h29

 

Convoi de MOX: enquête après une intrusion sur le port de Cherbourg

CHERBOURG – Huit à dix personnes ont été surprises et mises en fuite lundi vers 05H00 du matin sur la zone portuaire de Cherbourg interdite au public où Areva doit prochainement charger du MOX, combustible contenant du plutonium, destiné au Japon, a-t-on appris lundi auprès du parquet.

Selon Greenpeace, qui a dit à l’AFP ne pas être au courant de cette intrusion, le convoi de MOX doit partir de l’usine Areva mardi vers 23H00.

Les personnes mises en fuite avaient visiblement l’intention d’occuper une grue qui doit servir au chargement du combustible, a-t-on appris de source judiciaire.

Les services de sécurité du port ont fait état d’une intrusion sur la zone des Mielles (où se font les chargements Areva, ndlr), dont le procureur de la République de Cherbourg, Éric Bouillard, a dit à l’AFP ne pas connaître les circonstances exactes. Des investigations sont en cours. Il n’y a pas d’éléments permettant de constater que des dégradations ont été commises, a indiqué M. Bouillard.

Selon une source proche des forces de l’ordre, les personnes ont utilisé une échelle pour accéder à cette zone interdite au public.

Selon cette source, la zone va être surveillée de près car la crainte des forces de l’ordre est que d’autres personnes soient restées cachées sur place.

Le convoi de MOX est vivement contesté car il comprend du plutonium, le plus grand radiotoxique du monde, selon Greenpeace, et intervient alors que la Corée du Nord a menacé la Corée du Sud de guerre thermonucléaire et que les problèmes se multiplient à la centrale japonaise de Fukushima, deux ans après la catastrophe du 11 mars.

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Ils étaient une trentaine de militants anti-nucléaires à avoir répondu ce lundi 15 avril à l’appel de Greenpeace, du Crilan et du NPA pour manifester contre l’envoi d’un convoi de Mox depuis Cherbourg vers le Japon.

Greenpeace, Europe Écologie les Verts et le réseau Sortir du nucléaire appelaient à manifester contre ce convoi lundi et mardi à 18H00 à Cherbourg, mais pas à le perturber.

Un collectif, qui avait fortement perturbé le retour de déchets nucléaires allemands en 2011 en dégradant une voie ferrée, a appelé à bloquer le convoi. Il appelle à la formation d’un camp à Bricquebec, à 23 km au sud de Cherbourg, 24 heures avant le départ des camions de MOX de l’usine Areva de Beaumont-Hague pour le port.

Areva a confirmé que du MOX allait prochainement partir au Japon, sans plus de précisions.

Presse atomique (Agence Faut Payer, 15 avril 2013 – 17h05)

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