[« Affaire de Tarnac »] « Une manipulation politique orchestrée au plus haut niveau pour organiser de façon théâtrale la fiction de la culpabilité de nos clients »

Tarnac : les avocats ont « la preuve que la version policière est imaginaire »

Les avocats des mis en examen dans l’affaire de Tarnac estiment avoir « la preuve que la version policière est imaginaire ». Il n’y a « aucun doute que les policiers ont commis un faux en écriture publique », ont-ils déclaré mercredi lors d’une conférence de presse à l’Assemblée nationale.

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Selon les avocats qui attendent un non-lieu dans cette affaire, les policiers ne pouvaient pas surveiller Julien Coupat et Yldune Lévy lors de la détérioration de la ligne TGV-Est à Dhuizy (Seine-et-Marne) dans la nuit du 7 au 8 novembre 2008 puisqu’il n’y a « aucun trafic téléphonique » de l’un des deux policiers auteurs du PV entre 4h et 4h20 à cet endroit-là.

« On a un élément objectif, (il) n’était pas là », a accusé Me Jérémy Assous pour qui « l’analyse des pièces disculpent l’ensemble des mis en examen ».

La chambre de l’instruction de la cour d’appel de Versailles (Yvelines) a ordonné le 26 octobre l’audition des 18 autres policiers qui ont participé à cette surveillance, 14 agents de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) et quatre de la Sous-direction antiterroriste (SDAT).

« Il y a une volonté de ne pas les faire témoigner », a considéré Me Assous qui a ironisé sur une possible « épidémie de grippe à Levallois », le siège de la DCRI, dans les Hauts-de-Seine.

Le député Noël Mamère, également présent à cette conférence de presse, a estimé qu’on était « en train d’assister à un véritable fiasco judiciaire qui se double d’interrogations sur les méthodes de la police et sur le contrôle de ses services, ce qui pose un problème réellement politique ».

« J’ai le sentiment qu’on assiste à la même chose que les Irlandais de Vincennes », a-t-il dit. Après l’attentat de la rue des Rosiers à Paris en 1982, des gendarmes avaient apporté des explosifs dans un appartement de membres présumés de l’IRA pour prouver leur culpabilité.

Noël Mamère a également plaidé pour une « commission d’enquête parlementaire pour savoir qui est Mark Kennedy ». Cet espion anglais infiltré dans le groupe de Tarnac aurait guidé l’enquête de la DCRI. Selon un autre avocat des mis en examen, Me William Bourdon, « il y a judiciarisation d’informations qui se sont révélés inexactes parce que Mark Kennedy (…) a un tropisme naturel (…) pour divulguer des informations qui sont fausses et qui atterrissent dans des oreilles qui sont complaisantes et qui sont enthousiastes de venir les livrer clef en main auprès des autorités françaises ».

« Cette procédure est une caricature de ce qu’on peut faire de pire en terme de blanchiment judiciaire, d’informations obtenues de manière déloyale et illicite », a ajouté l’avocat pour qui il y a eu une « manipulation politique orchestrée au plus haut niveau pour organiser de façon théâtrale la fiction de la culpabilité de nos clients ».

Une information judiciaire a été ouverte par le parquet de Paris en novembre 2008 et un juge d’instruction du pôle antiterroriste, Thierry Fragnoli, a été chargé de cette enquête. Dix personnes au total ont été mises en examen dans ce dossier, notamment pour « association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste ».

Les avocats des mis en examen ont également affirmé qu’un relevé de compte bancaire démontre que la carte bancaire d’Yldune Lévy a été utilisée à Paris cette même nuit, à l’heure où les policiers assuraient la surveiller à Trilport, près de Meaux.

Une information judiciaire a été ouverte par le parquet de Nanterre (Hauts-de-Seine) en novembre 2011 pour « faux et usage de faux en écriture publique » à la suite d’une plainte accusant ces enquêteurs d’avoir rédigé le PV mensonger.

Une troisième instruction a été ouverte en janvier 2012 à Brive-la-Gaillarde (Corrèze) après une plainte pour atteinte à la vie privée et au secret des correspondances, déposée après la découverte d’écoutes téléphoniques dans l’épicerie de la commune de Tarnac, où résidaient plusieurs suspects.

Me William Bourdon, l’un des avocats des mis en examen, a affirmé vouloir savoir « si cette écoute était administrative et demandée par Mme (Michèle) Alliot-Marie ». Dans ce cas, il « faudra qu’elle s’explique sur la motivation de cette écoute », a-t-il dit.

Enfin, Me Jérémy Assous a annoncé qu’il allait déposer une plainte avec constitution de parties civiles pour subornation de témoin à Clermont-Ferrand. « Les policiers ont trafiqué des témoignages », notamment celui d’un témoin sous X qui a « dit des tas d’horreur sur Julien Coupat », selon lui. Le témoin en question, vivant près de Clermont-Ferrand n’a jamais redit ce qu’il avait assuré anonymement.

Leur presse (Sipa, 14 novembre 2012)

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