Tir de flashball sur Yann : sa plainte classée sans suite

Un an après le tir de flashball de Yann à Toulouse : sa plainte contre la police est classée sans suite…

Le 21 avril 2014 deux maisons sont réquisitionnées par la CREA pour des familles rue Louis Plana à Toulouse.

Mais très vite les propriétaires et les flics débarquent pour empêcher toute installation. Plusieurs camions sont sur place et dans les rues alentours, la police nationale, les CRS, le SDIG (Renseignements Généraux) et la BAC sont sur place. Bref, c’est le déploiement de l’artillerie lourde pour empêcher qu’on puisse se loger en dehors des règles établies.

Ce n’est pas une première pour la CREA : les flics ont déjà déployé l’hélico et tiré au taser sur un toit pour expulser.

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Les flics posent alors un ultimatum : une sortie volontaire ou par la force. Face à cette violence ostensible, les familles choisissent de sortir par elles mêmes. Mais pour les flics ce n’est pas suffisant il leur en faut plus ; la BAC procède à quatre interpellations qui aboutiront sur des rappels à la loi et un procès pour violences (pour lire le soutien à notre camarade qui passe le 29 avril 2015 cliquez ici).

Armés de matraques mais aussi d’un LBD 40x46mm, ils n’hésitent pas à le pointer à hauteur de visage sur des passants ou des soutiens aux familles mais aussi à le faire passer de mains en mains, une technique policière bien rodée chez les flics pour rendre difficile l’identification d’un tireur.

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Plusieurs minutes après les arrestations, c’est Yann, 26 ans, qui prendra en pleine tête le tir de LBD par la BAC alors qu’il ne représentait aucun danger et était menacé d’un coup de matraque par un autre policier.

“La BAC nous a chargés sans raison, je me suis réfugié derrière une poubelle. Un policier de la BAC m’a vu et m’a dit de sortir de là en levant sa matraque pour me frapper. Je suis sorti en levant les mains et c’est à ce moment que je me suis écroulé. J’étais tellement sonné qu’au début je n’ai pas compris ce qui m’était arrivé. À l’hôpital le médecin m’a dit qu’à 3 centimètres près j’étais mort … J’ai eu tous les os de la joue cassés ou broyés et une partie d’un nerf touché dont je n’ai retrouvé la sensibilité qu’au bout de presque 1 an. Il a fallu attendre que mon hématome dégonfle pour m’opérer. On devait me poser une plaque pour aider les os à se remettre. Je me suis réveillé de l’opération avec 5 plaques dans le visage. Quelques semaines après  j’ai commencé à faire des infections. Au début les médecins ne voulaient pas croire à un lien avec l’opération, on m’a même enlevé les amygdales ! Mais ça n’a servi à rien et l’infection est revenue. Un an après j’ai toujours un gonflement au niveau de la joue et je retrouve petit à petit une sensibilité du nerf perdu, mais cela occasionne une douleur, comme des décharges électriques. Dans quelques jours je dois subir ma quatrième opération de l’année, on va me retirer les plaques et les infections devraient s’arrêter.”

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Yann

Yann a déposé une plainte par le biais de son avocat qui a été classée sans suite par le procureur de Toulouse “faute d’infraction caractérisée“. Selon Pierre-Yves Couilleau, le procureur, il n’ y a pas d’infraction caractérisée alors que les tirs de flash-ball et LBD sont strictement interdits au niveau du visage et à moins de 10 m. Sur les photos prises le jour même et les jours d’après, on voit clairement l’impact de la balle du LBD sur la joue de Yann, que faut-il de plus à un procureur pour voir que ce tir n’est ni dans les règles, ni proportionné ?

Classement sans suite : la loi des séries !

Ces derniers temps, les classements sans suite s’enchaînent : Damien, Quentin et Emmanuel, éborgnés par des tirs le 22 février 2014 pendant une manifestation à Nantes ont eux aussi vu leur plainte classée sans suite, tout comme Ayoub, éborgné à Montbéliard en 2011 pendant qu’il attendait le bus.

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Si Geoffrey, touché pendant qu’il mettait une poubelle devant le blocus de son lycée à Montreuil en 2010, a vu le policier qui lui a tiré dessus passer en procès et en plus être condamné, ce qui est extrêmement rare, ce dernier n’a eu qu’une peine minime, c’est-à-dire du sursis. Seulement deux autres policiers ont été condamnés pour des faits similaires, l’un pour avoir éborgné Sékou en 2005 et un autre condamné à 2 ans avec sursis pour avoir tiré sur Steeve, 9 ans, à Mayotte…

Si toutefois ces peines ne sont pas à la hauteur des mutilations et de la violence institutionnalisée de la police, nous savons à quel point c’est un véritable parcours du combattant pour traduire un policier au tribunal face à la bureaucratie judiciaire lorsqu’on est qu’un ou une simple individu-e.

Nous pensons aussi à ces policiers que la justice a acquitté alors qu’ils ont tiré et mutilé à vie ; ce fut le cas pour Pierre, éborgné en 2007 dont le policier tireur a été relaxé mais aussi Théo, éborgné en 1996.

L’autodéfense en accusation

Depuis, face à l’autodéfense des mutilé-e-s et des familles d’assassiné-e-s, les institutions de l’État ripostent pour faire taire toutes les voix dissidentes : à Nantes la procureure porte plainte pour une affiche la mettant en scène et dénonçant le classement sans suite des plaintes de Damien, Quentin et Emmanuel. Au Havre c’est le frère d’Abdoulaye Camara, assassiné de 10 balles dans le corps dans la nuit du 15 au 16 décembre 2014, qui s’est vu accusé d’avoir collé 7 stickers anti-police et a reçu une lettre de la mairie lui demandant de payer la facture du nettoyage, c’est-à-dire 105,93€ … bref du beau foutage de gueule !

Nous nous souvenons aussi d’Amal Bentounsi, dont le frère Amine a été assassiné d’une balle dans le dos qui avait été traînée en justice par Manuel Valls pour “diffamation publique envers une institution publique” suite à une vidéo dénonçant l’impunité policière. Procès qu’elle avait d’ailleurs brillamment gagné !

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Ces mesures ne visent qu’à une chose : faire perdre courage, mettre des bâtons dans les roues et tenter d’isoler les victimes et les familles. Mais il en faut plus pour faire taire les voix qui veulent la justice et la vérité !

Nous ne sommes pas seul-e-s, nous sommes ensemble ! Jusqu’au bout !

À tout-e-s les mutilé-e-s : Yann, Pierre, Ayoub, Davy, Casti, Nassuir, Sékou, Quentin, Damien, Emmanuel, Joachim, Bouch-B, Steve, Salim, Quentin, Fatouma et Mohamed, John, Jimmy, Daranka, Mohammad, Guillaume, Geoffrey, Nordine, Elias, Clément, S.N., Bruno, Alexandre, Samir, Halil, Joann, Maude, Jiad, Amine, Théo et les autres…

La police mutile, la justice est complice !

À tout-e-s les assassiné-e-s par la police : Abou Bakari Tandia, Mostefa Ziani, Rémi Fraisse, Bertand Nzohabonayo, Abdoulaye Camara, Morad, Abdelhak Gorafia, Houcine Bouras, Thimotée Lake, Yassin Aïbeche Souilah, Lahoucine Ait Omghar, Loic Louise, Fahmi, Abdel, Wissam El-Yamni, Amine Bentounsi, Youcef Mahdi, Mahmadou Marega, Nabil Matboul, Steve, Mohamed, Balé Traoré, Samir Abbache, Zyed&Bouna, Eric Blaise, Eric Mourier, Fethi Traoré, Taoufik El-Amri, Raouf et Tina Sebba, Lamine Dieng, Lakhamy et Mushin, Abdelhakim Ajimi et les autres …

La police assassine, la justice est complice !
Ni Oubli Ni pardon ! Justice et Vérité !

Liens : CREA – Toulouse | Urgence notre police assassine ! | Justice pour Wissam ! | Collectif du 8 juillet – Montreuil | Blog du 27 novembre 2007 – Nantes

Pris pour cible, 19 avril 2015

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