[Accident du travail en Turquie] Un policier turc est mort de ses blessures après une chute d’un pont en construction alors qu’il poursuivait des manifestants à Adana

Manifestations en Turquie : un policier tué, des étrangers arrêtés

Un policier turc est mort de ses blessures après une chute d’un pont en construction alors qu’il poursuivait des manifestants à Adana, dans le sud de la Turquie, selon la chaîne de télévision privée NTV. Il s’agit du premier mort dans les rangs de la police depuis le début le 31 mai de la contestation contre le premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, en Turquie, durant laquelle deux manifestants ont trouvé la mort.

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Autobus calciné transformé en bibliothèque, place Taksim à Istanbul

ÉTRANGERS ARRÊTÉS

Au moins trois étrangers ont été arrêtés à Istanbul par la police dans les manifestations antigouvernementales. Une étudiante française de 21 ans, venue de Nantes dans le cadre du programme d’échange européen Erasmus pour une année d’études en communication à l’université de Galatasaray, a été arrêté dans la nuit de lundi à mardi avec 82 autres personnes pour leur participation supposée à des heurts avec la police, a indiqué un avocat.

La jeune femme a été présentée mardi soir à un procureur qui a décidé de sa remise en liberté. Elle a néanmoins été placée dans un centre de rétention dans l’attente d’une décision de la direction générale de la sûreté sur son éventuelle expulsion. Une telle décision semblait cependant peu probable, la quasi-totalité des personnes arrêtées à Istanbul dans le cadre des manifestations ayant été relâchées, a estimé cette source, pronostiquant une libération d’ici à deux ou trois jours.

Le barreau d’Istanbul a indiqué qu’une autre Française avait été arrêtée, sans pouvoir  donner plus de détails. Le consulat de France a confirmé cette deuxième arrestation, sans préciser les identités.

Un troisième étranger, chypriote, a aussi été interpellé, selon le barreau, qui n’a pas pu préciser s’il s’agissait d’un Chypriote grec ou turc.

Les consulats américain et britannique ont assuré qu’aucun de leurs ressortissants n’avait été arrêté dans les manifestations.

Leur presse (LeMonde.fr avec l’Agence Faut Payer, 6 juin 2013)

 

Témoignage d’un jeune turc arrêté

« Tout d’abord, je voudrais remercier les avocats et toutes les personnes qui m’ont appelé en se souciant de mon état. Je suis rentré à la maison je vais bien. Je veux raconter ce que j’ai vécu lors de mon arrestation pour que tout le monde soit au courant. Je n’ai pas d’autre but. Je vais retranscrire ici tout ce qui s’est passé avec tout les gros mots et les insultes.

Hier soir (03.06.2013) vers 21h j’ai été arrêté à Besiktas dans le boulevard Barbaros (c’est à Istanbul). À ce moment je n’étais ni en train d’employer des gros mots ni en train de lancer des pierres. Dçs qu’ils m’ont vu ils m’ont pris par mon bras et mon emporté. Certains de mes amis ont même vu comment j’ai été arrêté à la TV. Et c’est là que l’enfer a commencé.

Jusqu’à être emmené dans le bus où ils regroupaient toutes les personnes qu’ils arrêtaient j’ai été confronté aux coups de pied et insultes de tous les policiers qui ont pu me croiser et me criait « c’est vous qui allez sauver ce pays bande de fils de pute ? » Jusqu’à être ramené dans le bus je ne me souviens plus du nombre de policiers qui ont pu me frapper et insulter. Lorsque je suis arrivé à côté du bus, un homme à l’arrière du bus a crié « emmenez-le ici » ; il m’ont emmené derrière le bus et eux aussi ont commencé à me frapper. C’est après que j’ai appris qu’il n’y avait pas de caméra qui filmait l’arrière de ce bus. Dans le bus, les lumières étaient éteintes et j’ai entendu la voix d’une jeune fille qui suppliait des policiers : « svp j’ai rien fait ». Pareil dans le bus des policiers ont continué à me frapper et la seule chose que je pouvais faire c’est prendre ma tête entre mes mains et subir. Eux continuaient à me frapper. Ils frappaient la fille, lui serraient le cou et un policier qui s’appelait Süleyman lui a dit exactement ça :  » je te niquerai ici » (!). Et à ce moment nous étions trois dans le bus, ils nous ont forcé a répéter à plusieurs reprises : « J’aime la police turque », « j’aime mon pays » en nous disant « plus fort plus fort ». Au moment où la tension avait baissé, ils ont ramené un autre jeune qui avait le nez cassé, je lui ai demandé pourquoi il n’avait pas protégé sa tête il m’a dit que deux policiers l’avaient tenu et le troisième l’avait frappé et lui avait cassé son nez !!!! Entre-temps ils en ont ramené d’autres, y’en a un qui s’appelait Mustafa, dont 20 policiers l’avaient frappé, il avait à peine la force de rester debout. Mais ils ont continué à le frapper, comme si ça ne suffisait pas ils l’ont frappé avec un casque de police et ont frappé sa tête sur la vitre du bus. Sa tête saignait j’ai pris le tee shirt du garcon qui avait le nez cassé pour faire un tampon sur la tête de Mustafa mais le policer qui s’appelle Süleyman m’a dit « va te faire enculer va t’asseoir. » Jai dis « ça saigne » il m’a dit « que ça saigne » il n’en avait rien à faire et ils avaient laissé ce blessé par terre avec les menottes à la main, c’est après de longues demandes qu’il le lui ont enlevé.

Le pire de tout s’est passé au commissariat, Mustafa m’a demandé s’il l’avait frappé ! En effet il ne s’en rappelait pas, il avait perdu conscience pendant que les policiers le frappaient !!!!!

Pour finir, dans le bus, en attendant d’être emmenés au commissariat ils nous ont pas laissé aller aux toilettes et nous ont juste donné de l’eau.

Arrivé au commissariat beaucoup d’avocats bénévoles étaient présents pour nous. Merci à tous merci à tous les gens qui étaient là pour nous et qui nous ont appelé.

Je n’ai aucunement abusé ce dont je viens de raconter, tout est vrai tout a été réellement été vécu. Mon seul but est que tout le monde sache la vérité.

Notre résistance contre ces cruautés continuent. Ce fascisme va s’arrêter. »

Traduction de Sibel Erdem – Solidarité ouvrière, 6 juin 2013

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