[Toulouse, samedi 1er juin] « Le monde est notre jardin »

Toulousain­e­s, Terrien­ne­s,

Une première journée de rencontres et de discussions est organisée pour la création du Centre d’Information et de Recherche sur les Politiques Urbaines et les Nouvelles Perspectives Émancipatrices. Le rendez-vous a lieu dans une maison cédée gratuitement par l’État à Vinci, que nous occupons, dans le quartier de la Croix­ Daurade, au 204, route d’Albi.

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Devant le règne de la confusion et de la corruption généralisée actuelle, rien ne semble plus urgent que de rassembler, et nous mettre au clair afin que notre vi(ll)e nous revienne.

Nous lançons donc un appel à tous collectifs et organisations engagé­e­s sur ces questions, individus refusant la condition sordide qui nous est faite, à nous rejoindre samedi 1er juin, à partir de 11h.

Le midi, barbecue façon auberge espagnole.

 

Encore un tour de force de Vinci
Et nous appréhendons maintenant celui de la justice

Nous, occupants depuis le 17 mai d’une maison d’un Comité d’Entreprise de Vinci précédemment laissée à l’abandon et ouverte à tous vents, avons été assignés ce vendredi 24 mai 2013 en référé d’heure à heure pour nous voir solennellement mettre à la rue.

Nous avons donc l’audace de demander pourquoi. Pourquoi des centaines de gens doivent-ils rester dehors puisque la mairie elle-même reconnaît que 2000 logements sont réquisitionnables – en tout 15 à 20’000 logements sont indéfiniment vides à Toulouse.

Pourquoi sinon pour entretenir dans le reste de la population la peur du déclassement et de la précarité, et augmenter toujours la soumission des populations ? Que cela fait-il donc de nous tous ?

Et si tant de logements restent vides, alors pourquoi en construire toujours davantage ? Et quels logements, quels quartiers et quelle ville sont en train de nous construire les promoteurs tels que Vinci ? Des villes sans vie, toutes identiques, ayant perdues leurs âmes, avec bureaux, centre commercial, parking et logements dont nous sommes expropriés exclusivement au bénéfice de notre odieuse jet-set ?

D’autres choses ne changent par contre pas, comme les centaines de sans-abris dans nos rues, avec enfants. Leur « progrès » n’empêche pas un tas d’arriérations et de décadence. Trouver un logement et un boulot devient de plus en plus martyrisant et illusoire.

La propriété est un dispositif jugeable à ses résultats – et quels sont-ils ? Quelques-uns possèdent des dizaines voire des centaines de milliers de logements, pendant que 600’000 autres vivent dans la rue. N’est-il pas temps d’y faire quelque chose ? Et que faire sinon, s’organiser nous-mêmes, et porter la chose devant les tribunaux : le droit au logement doit être appliqué, et pas seulement le « droit restrictif d’user et d’abuser de la richesse socialement produite ».

Une étude a décrit le comportement des entreprises comme psycopathique selon les critères de la psychologie humaine. Là non plus, Vinci n’est pas en reste. Le 1er bétonneur mondial (des centaines de milliers de km² par an), accumule les scandales, de la Russie à la Grande-Bretagne, en passant par Notre-Dame-des-Landes, où la préfecture a fait des centaines de blessés cet hiver. La solidarité est plus que jamais nécessaire car la loi laisse s’installer le désastre économique, écologique, humain, et réprime expéditivement toute initiative autonome. L’époque est au conformisme et à la médicalisation, à la performativité, époque ignoble faite de responsabilité limitée et de partenariat public-privé (PPP) pour l’aménagement urbain, la rénovation de nos quartiers, tous ces rond points, zones commerciales, autoroutes, aéroports, parkings et vidéo-surveillance : « diriger un moratorium est une affaire rentable ».

Le jeu est truqué !

Le plaignant, Vinci, via l’ASF, est donc propriétaire de nos autoroutes du sud de la France. Les autoroutes construites avec l’argent publique sont, depuis 2005, privatisées. Mais qu’est-ce ça veut bien dire ? Ça veut dire, dans le cas de Vinci, que 50 % des bénéfices sont détournés par les actionnaires. La poule aux œufs d’or a été concédé à tarif très avantageux rassurons-nous en. Tellement avantageux d’ailleurs que nous apprenons en lisant notre dossier de référé, qu’en effet, le ministère de l’écologie et de l’aménagement du territoire, a GRACIEUSEMENT CÉDÉ, c’est-à-dire pour rien, gratuitement, notre maison à la dite société, afin qu’elle puisse la revendre à son profit. Cette entreprise n’est pourtant pas d’utilité publique, surtout dans le contexte écologique et humain, loin s’en faut ! C’est pourquoi nous estimons que Madame le juge pourrait aussi bien soutenir et encourager notre action, qui elle se réclame bien de salubrité publique, et pas l’obligation d’augmentation des marges de profit pour nos privilégiés actionnaires.

Notre Action la voici : en plus d’être notre lieu de vie c’est l’endroit idéal, jugeons-nous, pour la création d’un Centre de Recherche et d’Information sur la Politique Urbaine et les Nouvelles Perspectives Émancipatrices. Un lieu pour se questionner sur les agissements et l’influence tentaculaire qu’obtiennent certaines multinationales. Nous nous proposons d’y organiser nos recherches sur l’agencement d’une vie faste et souveraine, et les partager dans des débats, des projections, une bibliothèque, un lieu de réflexion et d’organisation d’un vrai débat populaire sans que les puissants nous imposent leur vision.

Le monde est notre jardin, et non pas un camp, un zoo ou une jungle.

… suite de l’aventure au procès le 31 mai !

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