[Grève à PSA Aulnay] « Signe du durcissement, des CRS ont été déployés lundi “par les préfectures” autour de “l’ensemble des sites” du groupe PSA Peugeot-Citroën, comme à Poissy (Yvelines), pour “éviter que des casseurs n’y pénètrent”, a indiqué la direction »

Le ton se durcit à l’usine PSA d’Aulnay, à l’arrêt depuis une semaine

Le ton se durcit à l’usine PSA d’Aulnay-sous-Bois, vouée à la fermeture en 2014 et qui ne tourne plus depuis une semaine, d’abord paralysée par une grève à l’appel de la CGT, puis fermée par la direction qui dénonce les « sabotages » commis par les grévistes.

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« L’ambiance est délétère », rapporte la déléguée centrale CFE-CGC Anne Valleron alors que le directeur industriel du groupe PSA Peugeot-Citroën, Denis Martin a critiqué les « méthodes totalement inacceptables » de certains grévistes, qui font « régner la terreur » et profèrent « des menaces de mort » contre les non-grévistes.

« Dans les vestiaires et les couloirs, il y avait des feuilles par terre, des armoires renversées, des extincteurs par terre », a décrit à l’AFP un salarié, qui demande à rester anonyme. « Certains grévistes menacent : Si vous ne rejoignez pas le mouvement, on vous massacre« .

Signe du durcissement, des CRS ont été déployés lundi « par les préfectures » autour de « l’ensemble des sites » du groupe PSA Peugeot-Citroën, comme à Poissy (Yvelines), pour « éviter que des casseurs n’y pénètrent », a indiqué la direction.

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Lundi matin, l’arrêt de la chaîne représentait une perte de 1.200 Citroën C3, dont les 3.000 employés d’Aulnay produisent en moyenne 700 exemplaires par jour. La fermeture de l’usine est prévue en 2014 dans le cadre d’une vaste restructuration qui prévoit 8.000 suppressions de postes auxquelles s’ajouteront 1.500 départs naturels non remplacés.

Mais si ce manque à gagner, relativisé par M. Martin qui avait prévu du chômage partiel dans les mois à venir, est dû à la grève de mercredi à vendredi, la direction a elle décidé de ne pas rouvrir le site lundi matin.

Elle avance une avarie électrique à l’atelier peinture, puis la neige, et « un nouveau sabotage » découvert mardi matin lors des tests de redémarrage : trois gros câbles électriques sectionnés dans l’atelier ferrage.

« L’usine nous est interdite depuis vendredi après-midi. Cela fait quatre jours que nous n’y sommes pas allés. La direction parle de sabotage et de dégradations, les salariés ne peuvent en être responsables », lui a opposé le délégué CGT Jean-Pierre Mercier.

« C’est de la propagande pour salir les grévistes, des mensonges et des calomnies, a-t-il ajouté, jugeant qu’il s’agissait en réalité d’un « lock-out » pour « désorganiser la grève ».

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Vendredi dernier, les ouvriers de l’usine PSA d’Aulnay avaient investi le site de Saint-Ouen.

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Jean-Pierre Mercier, délégué CGT, dans l’usine PSA de Saint-Ouen le 18 janvier.

Le conflit s’est envenimé vendredi, lorsque environ 170 grévistes ont occupé une autre usine du groupe à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis) : ils ont cassé un mur « à coups de masse et de barre à mine », selon la direction, qui a déposé plainte contre X.

Quant à l’usine d’Aulnay, réputée la plus « rebelle » du groupe, elle a fait l’objet de « nombreuses dégradations » la semaine dernière, que M. Mercier « nie formellement » : jets d’œufs, graffitis « injurieux », extincteurs vidés sur des tableaux électriques, selon Denis Martin, qui dénonce les « manières de casseurs » d’environ 150 grévistes « activistes » qui sont « loin de représenter une majorité » des salariés de l’usine.

Dans un communiqué commun, les syndicats CFDT, CFTC, CFE-CGC et FO du groupe ont pris leur distance lundi. « Une très grande majorité des salariés ne se reconnaissent pas dans ce type de méthodes. Nous ne pouvons pas cautionner ces débordements », écrivent-ils.

Alors même que depuis fin octobre direction et syndicats discutent sur le volet social de la restructuration, ce dialogue de sourds entre grévistes, direction et autres syndicats augure mal de la reprise, pour laquelle « aucun délai » n’a pu être donné mardi par la direction.

« Les grévistes ne lâcheront pas l’affaire. Ils recommenceront à remettre la pression sur les salariés et si ceux-ci voient que la direction n’est pas capable de les protéger, ils suivront la grève », estime le salarié.

Presse esclavagiste (Agence Faut Payer via LePoint.fr, 22 janvier 2013)

 

Une matinée de grève avec les PSA

REPORTAGE Privés d’accès à l’usine depuis vendredi, les ouvriers d’Aulnay-sous-Bois s’organisent contre leur direction. Et veulent rappeler leur combat au grand public.

Aulnay-sous-Bois, ce mardi matin. Au café « le Renouveau », calés dans de confortables fauteuils ou accoudés au comptoir, cinq ou six clients se réchauffent en silence. Dix heures sonnent : de l’autre côté de la vitre, un flot d’hommes se déverse sur le pavé depuis l’immeuble voisin, qui héberge les bureaux locaux des syndicats. Les briquets cliquettent, les cigarettes fument. Des calicots rouges de la CGT mettent une touche de couleur sur les manteaux sombres.

Quelques-uns, le bonnet enfoncé jusqu’aux sourcils, poussent la porte, commandent un café et discutent bruyamment. Ce sont des ouvriers grévistes de l’usine PSA d’Aulnay, promise à la fermeture d’ici 2014. Depuis mercredi dernier, ils sont en grève pour réclamer un plan social plus favorable aux salariés. Et depuis vendredi, la porte de leur usine est fermée et gardée par des vigiles. « Avarie technique », assure la direction, qui évoque aussi un climat de tension autour du piquet de grève. « Lock-out », estiment les salariés, persuadés qu’on tente de briser leur mouvement. « Ils pensaient qu’on se laisserait faire ? La blague ! », entend-on dans le café.

« Grévistes, pas sauvages »

Au deuxième étage de l’immeuble voisin, une grande pièce encore pleine de monde. Les grévistes viennent d’y achever leur assemblée générale, fermée à la presse. Dans un coin, on se tranche une brioche, on se sert une boisson chaude. Dans un autre, on fait la queue pour se faire inscrire comme gréviste et récupérer l’autocollant qui le prouve, à poser sur son badge. « On pointe tous les jours, matin et soir, explique Nasri Amar, délégué syndical SUD. Ça servira pour partager l’argent : avec les quêtes dans les grands magasins du coin et les dons d’associations, on a déjà recueilli plusieurs milliers d’euros. »

L’évocation de violences au sein de l’usine indigne ce contrôleur, qui affiche quinze ans d’anciennté : « Il n’y a rien eu de cassé. Peut-être qu’il y a eu de petits dérapages, des poubelles renversées, mais c’est tout. On est des grévistes, pas des sauvages ». Même déni de la part de Jean-Pierre Mercier, de la CGT : « On n’est pas des délinquants, mais des ouvriers qui se battent contre le chômage. On a fait rentrer les journalistes dans l’usine vendredi pour qu’ils constatent par eux-mêmes qu’il n’y avait pas de dégâts. Ils sont apparus depuis que nous sommes à la porte. »

Sur les murs, des affiches informent de l’existence de différentes commissions : « cartes », « relations extérieures », « intendance », « propagande »… « On a l’habitude, après les mouvements de 2008 et de 2010 », explique Nasri. « Avant de partir en action, n’oublie pas de prendre des affiches et du scotch », peut-on aussi lire. Une action, les grévistes en préparent justement une. La discrétion est de mise : séparés en deux groupes, répartis à cinq par voiture, ils suivent un véhicule de tête seul à connaître la destination finale.

« PS et gauche, ça n’a plus rien à voir »

Sur le chemin, on discute avec le conducteur. Grand gars aux yeux clairs, Julien a dix-huit ans d’usine derrière lui. La couverture médiatique du mouvement le met hors de lui : « Tant qu’on était des miséreux en état de choc, ça plaisait aux caméras. Maintenant qu’on relève la tête, ça fait peur. À la télé, il n’y en a que pour la neige et la guerre au Mali. » Les trois autres passagers approuvent gravement et en remettent sur le personnel politique. Personne à bord n’a voté Hollande.

« Il est de gauche lui ? Non, il est PS, ça n’a plus rien à voir, assure l’une. C’est copains comme cochons avec les patrons, ça. » « Et Mélenchon ? rebondit un autre. Il parle, mais on l’a jamais vu à l’usine, lui non plus. » Julien, lui, a voté pour « l’un des deux seuls partis ouvriers » au premier tour. NPA, LO ? On saura juste qu’il est resté au lit pour le second. La caravane vient de s’arrêter sur le parking d’un centre commercial, en face d’un concessionnaire Peugeot. « J’en étais sûr », s’exclame-t-il, souriant.

En quelques minutes, les vitrines sont recouvertes d’affiches « Non à la fermeture ». Un salarié du magasin vient simplement s’assurer qu’on ne touche pas aux voitures des clients. Il dit « comprendre » les grévistes. Ça ne mange pas de pain, mais on l’ovationne. Sur le chemin du retour, quelques ouvriers engagent une bataille de boules de neige. Dans l’après-midi, ils mèneront une opération « péage gratuit » sur l’autoroute, à Senlis.

« Ils ont eu un coup en décembre, mais la grève les a remotivés, estime un observateur du mouvement. Il y a parmi eux quelques gars un peu remontés, mais globalement ils arrivent bien à temporiser. Ce genre d’action, c’est pour faire quelque chose et aussi faire parler d’eux. C’est ambivalent : on les condamne, mais au moins, ils existent. »

Presse esclavagiste (Dominique Albertini, Liberation.fr, 22 janvier 2013)

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